COCO MADEMOISELLE
CHANEL
2001
JACQUES POLGE
Des notes de tête, orange de Sicile, bergamote de Calabre, dont la situation géographique sont autant d’indices olfactifs de la raison d’être de Coco Mademoiselle : Venise. Mais auparavant il faut remonter à la première visite des appartements de Mademoiselle Chanel par le parfumeur de la maison, Jacques Polge, découvrant en 1984 un intérieur byzantin, décor d’or et de laques chinoises, de coromandel, doré à la feuille, tout un monde baroque, contrastant avec une femme connue pour sa simplicité stylistique en noir et blanc.
À travers le rêve de ce décor raffiné et de la photographie de Mademoiselle Chanel en train de conduire une gondole vénitienne, habillée de son fameux ensemble pantalon-marinière, l’inspiration de Jacques Polge pour Coco, saturée d’ylang-ylang et de patchouli, d’un soupçon de cuir de Russie, s’achemirera à l’instar de l’Orient Express, vers un monde de matières flamboyantes. Inès de la Fressange et Vanessa Paradis seront les figures de ce classique de la parfumerie.
Mais le voyage ne s’arrête pas là. Comme le train réunit les lointains, Jacques Polge poursuit sa réflexion olfactive en proposant, en 2001, un nouvel hommage à l’esprit de Mademoiselle. Un néo-oriental à la folle fraîcheur, où le patchouli d’Indonésie et le vétiver d’Haïti se font moins terreux. Sculpté d’une vanille Bourbon et aéré de musc blanc presque «tee-shirt» pour une douceur plus accessible, l’accord fruité de Coco Mademoiselle valse avec les notes de cœur d’absolus de rose et de jasmin. Un jus à la fois sophistiqué et léger, impertinent et élégant, niché dans le flacon emblématique, lui-même épuré par petites touches.
Le succès est aussi intense qu’inattendu, et le sillage élancé de Coco Mademoiselle occupera rapidement le top 4 des best-sellers mondiaux. Après Kate Moss, muse intemporelle, la comédienne Keira Knightley incarnera à son tour ce parfum moderne au fil de campagnes iconiques, avant d’incarner à l’écran, en 2018, une autre figure de la culture française, l’écrivaine Colette.