Depuis plus de quarante ans, cette maison unique en son genre distille son savoir-faire auprès des professionnels et des particuliers. Entretien avec Isabelle Ferrand, sa directrice.
Pouvez-vous nous présenter Cinquième Sens ?
À sa naissance en 1976, c’était une Maison de création de parfums indépendante, ce qui était très audacieux à l’époque. Très rapidement, Cinquième Sens a développé en parallèle une activité de formation. Elle a obtenu l’agrément en 1983. Aujourd’hui, c’est un organisme de formation qui élabore sans cesse de nouveaux programmes et établit même des formations à distance. Nous envoyons l’olfactorium (orgue à parfums) aux élèves et ils le retournent à la fin de la formation, ou l’achètent s’ils le souhaitent.
Cinquième Sens est-il spécialisé dans la formation ?
Pas seulement. Nous avons quatre pôles d’activité : formation, création, animation et conseil. Nous proposons par exemple des animations autour de l’odorat. L’olfaction est un excellent outil pour délier les langues, mettre en avant des valeurs émotionnelles ou même créer des équipes au sein d’une entreprise. Nous poursuivons également notre activité de création puisque nous continuons à composer des parfums.
À qui s’adressent vos formations ?
À tout le monde. Cela va des conseillères de vente que les enseignes veulent éduquer à l’art de la parfumerie, jusqu’aux commerciaux ou responsables marketing que les marques souhaitent rendre plus sensibles au langage du parfum, en passant par des fournisseurs de matières premières. Nos formations s’adaptent aussi au grand public, comme les passionnées qui veulent comprendre la création d’un parfum, les matières premières, les notes de tête, de cœur, de fond…
Le COVID-19 a-t-il changé votre manière de travailler ?
Il a accéléré les choses. Depuis plusieurs années, nous voulions proposer des formations à distance. Mais difficile de mettre en place le e-learning quand l’humain est indispensable pour transmettre des émotions ! Avec le COVID-19, nous avons dû réagir très vite et proposer une alternative à distance pour les formations qui étaient déjà prévues. Nous avons donc envoyé aux participants l’olfactorium et le dossier pédagogique. Puis, nous avons fait des vidéoconférences (modules d’une heure et demie ou de trois heures selon la formation), à 10 personnes maximum pour garder l’interaction avec les participants.
Vous avez également une activité de co-working ?
Oui, nous proposons du co-working autour de l’olfaction. Les personnes qui le souhaitent peuvent ainsi venir travailler dans nos locaux et nous mettons à leur disposition tous les outils liés à la parfumerie dont ils peuvent avoir besoin : une bibliothèque de 200 livres, l’accès à notre olfathèque en ligne, une palette de 450 matières premières, 550 références de parfums du marché. Cela peut même aller jusqu’au laboratoire de création avec ses postes de pesée, ses balances de précision, sa collection de matières premières… Notre structure est ouverte à tous, et pas seulement aux étudiants en parfumerie. Les parfumeurs indépendants, les passionnés, les œnologues, les amoureux des odeurs peuvent par exemple s’inscrire.
Le parfum, elle est tombée dedans quand elle était petite. Isabelle Ferrand explique comment le parfum a guidé sa vie professionnelle.
Le parfum, c’est une vocation pour vous ?
Oui, depuis ma plus tendre enfance, le monde des odeurs me passionne. J’ai été élevée à la campagne, au gré des saisons, au milieu des senteurs de blé, de gibier, de sous-bois. Petite déjà, lorsque j’évoquais mon envie de « travailler dans la parfumerie », mon père pensait que je voulais être vendeuse de parfums et me répondait « Oui, je t’achèterai une parfumerie » ! Mais je voulais travailler dans la création du parfum.
Quel est votre parcours ?
Après le bac, j’ai passé un BTS de biochimie, puis je suis rentrée à l’ISIP (Institut Supérieur International du Parfum, devenu depuis ISIPCA) à Versailles. Je me suis présentée au concours et j’ai été recalée. Le jury était composé de spécialistes du parfum, de la cosmétique et des arômes alimentaires. Parmi les membres du jury figurait Monique Schlienger, la fondatrice de Cinquième Sens. Elle m’a recontactée par la suite et proposé une formation chez Cinquième Sens. J’ai ensuite effectué des stages chez IFF, Nina Ricci avant de devenir assistante chez Cinquième Sens. En 2004, j’ai repris la direction de la société.
Quel est votre rapport au parfum aujourd’hui ?
Désormais, je vis pleinement ma passion, et surtout, je peux la transmettre au travers de formations. L’odorat est au cœur de notre vie et cela va bien au-delà de la création de parfums. Le monde des odeurs est infini.