MÛRE ET MUSC
JEAN LAPORTE – JEAN-CLAUDE ELLENA – LUCIEN FERRERO
1978
L’ARTISAN PARFUMEUR
En 1978, Louise Brown, le premier bébé-éprouvette, naît en Grande-Bretagne, Grease affole les ados, Blondie invente un nouveau rock. Les jeunes filles se parfument avec Anaïs Anaïs, les femmes avec Opium. Jean-François Laporte, lui, joue toujours les chimistes dans son laboratoire-boutique, situé derrière l’Assemblée nationale. Ce chercheur d’odeurs, fou de dahlias et fondateur de la maison Sisley aux côtés d’Hubert d’Ornano, a imaginé un courant alternatif, une parfumerie confidentielle qui n’a pas encore l’appellation de « niche ».
Ses solinotes (ambre, vanille, santal…) ravissent les premiers bobos, tout juste revenus de leur addiction au patchouli et en quête d’une créativité qui ne serait pas entravée par le marketing. Ses parfums d’émotion touchent leur public au cœur mais Jean-François rêve encore d’ailleurs. Inspiré par une envie de fruits juteux, pas trop sucrés, il travaille un accord gorgé de muscs bien propres sur eux (Galaxolide et brassylate d’éthylène), de frambinone alimentaire et de bourgeon de cassis. C’est à Grasse, avec les parfumeurs Lucien Ferrero, Jean-Claude Gigodot et Jean-Claude Ellena, qu’il orchestre l’opus final : une tête citron-estragon-basilic, des notes chyprées en sourdine, une sensation Cologne fugace. On parle d’une Eau Sauvage au féminin, du premier parfum fruité. En fait, Mûre et Musc n’est rien véritablement de tout cela. C’est une déferlante captivante, une boule de musc traversée d’une mûre bien charnue, une néo-Cologne avant l’heure. Célébrée pour ses 20 ans en un sublime flacon-fruit collector dessiné par Pierre Dinand, elle inspire pour ses 40 ans un nouveau récit de Jean-Claude Ellena, avec deux créations originales. Mûre et Musc n’a pas fini de murmurer aux peaux.