Cette semaine les D’Days, festival de design Grand Paris, ont lieu sous le signe de l’expérience. Comme chaque année, les éditeurs de design livrent leur interprétation d’une thématique commune avec les mises en scène de designers, plasticiens ou artistes visuels… Pour l’édition 2015, les 12 showrooms implantés dans le quartier Bac – Saint Germain ajoutent une vraie dimension olfactive au parcours à travers The Souvenir Factory. Ce projet réunit un ensemble de signatures parfumées, distinctives, conçues en parfaite cohérence avec la créativité ambiante. Les fragrances ont été imaginées par Jean Jacques, parfumeur créateur chez Takasago, avec la complicité de Grégory Lacoua, designer. Leur vocation ? Refléter les facettes et les histoires des marques, entraîner dans l’imaginaire.
Rue du Bac, dès l’entrée chez Poltrona Frau, il flotte naturellement une odeur de cuir. Il faut dire que c’est la matière essentielle de cette maison, presque la marque de fabrique du mobilier. En contrepoint la touche parfumée Century vient souligner le raffinement des matières travaillées : il s’agit de la fine fleur du cuir, de peaux veloutées avec un grain presque poudré. Des notes florales intègrent une ronde boisée caressante. Boulevard Saint Germain, la scénographie de Boffi Cuisine met à l’honneur la vapeur, diffusée sous forme d’un nuage poétique et cotonneux. La senteur concoctée par Jean Jacques, Inox, a des allures de lame fusante, ciselant un bouquet d’herbes aromatiques, de persil et de coriandre. Les fragrances ont la capacité d’accompagner l’histoire d’un meuble : des notes vintage de violette des années 50 enveloppent les formes capitonnées du fauteuil Mad de Marcel Wanders chez Silvera Poliform. Les accords ozonés de Typhon se réfèrent à un épisode marquant, inscrit au cœur du logo de la Maison Tai Ping. En 1958, le tapissier finalisait une commande exceptionnelle pour le Grauman’s Chinese Theatre de Los Angeles sous une immense tente, lorsque le typhon Ida se déclara… La senteur privilégie la sensation de calme après la tempête.
Le public est invité à sentir et collectionner 12 touches olfactives de papier, comme autant de pièces d’un puzzle d’émotions et de souvenirs. Quoi de mieux que ces rencontres pluri-disciplinaires entre artistes des sens pour lever le voile sur l’étendue des possibles ?
Axelle de Larminat