Alors que le 21 mars se tient la journée mondiale du Parfum, la Fragrance Fondation a souhaité donner la parole à 3 écoles Françaises.
Focus sur ces institutions qui sentent bon l’excellence, tournées vers l’avenir olfactif.
Par Marie Bénédicte Gauthier
1 – L’ISIPCA, LE PARCOURS MYTHIQUE
Avec Marie-France Zumofen, Directrice des écoles ISIPCA et la FABRIQUE et Lydie Gumery, Directrice Pédagogique.
L’Isipca est la plus renommée des écoles de Parfum, ceci depuis sa création en 1970. Peut-on dire qu’elle est unique au monde ?
Oui. Par son histoire d’abord. N’oublions pas qu’elle a été créée à Versailles, à l’initiative de Jean-Jacques Guerlain. En 1970, cet homme remarquable, commandant de la légion d’honneur, tête pensante de la mythique Maison, a désiré transmettre tout un savoir, un savoir jusque-là réservé à une élite. Plus que ça, il a suggéré une méthode : l’art de décrire un parfum, de lui associer un vocabulaire olfactif. Il était à la croisée des arts, l’un enrichissant l’autre, il est d’ailleurs à l’origine du Comité Colbert qui fait rayonner l’excellence artisanale française dans le monde.
On imagine que les élèves veulent tous devenir « nez » quand ils intègrent l’école …
Il faut comprendre qu’on ne nait pas nez ! C’est un travail de longue haleine, avec peu d’élus, quelques centaines dans le monde. Bien sûr, beaucoup de parfumeurs aussi prestigieux que Annick Menardo, Isabelle Doyen, Francis Kurkdjian, Mathilde Laurent ou encore Jean Jacques sont sortis de notre école … Quand on creuse, on s’aperçoit que nos élèves aiment avant tout sentir mais n’ont pas la même appétence à créer. Aujourd’hui l’éventail des métiers du Parfum est incroyablement large et l’olfaction un métier de passion, quel que soit le cursus envisagé. Parmi nos 3500 élèves à travers le monde, l’odorat, ce sens sublime est bien le point névralgique. Parfumeur fine fragrance, parfumeur spécialisé dans les arômes, analystes techniques, experts en sourcing des matières premières, préparateurs cosmétiques, évaluateurs mais aussi tous les métiers du marketing, de la rse, de la législation toxicologique et ceux de la vente forment le socle de notre école toujours en mutation. Nous avons aussi sur l’aspect commercial, en master, des partenariats avec L’Essec et CY Cergy Paris Université.
Quel est le pré requis pour intégrer l’école ?
Bac, bac + 2, 3,4, ou 5. Le cursus en sciences ou technologies reste indispensable selon le cursus envisagé. On fait une première sélection sur dossier puis sur entretien pour nous assurer de la motivation de l’élève. Nous proposons également des formations continues. Affilié à la CCI, chambre de commerce et d’industrie, nous sommes fiers de collaborer avec des professeurs externes, des enseignants chercheurs, c’est notre ADN. Il faut savoir créer du désir et conduire aux métiers grâce à une forte expertise. Enfin aujourd’hui 33 % des étudiants viennent de l’étranger, nous proposons des summer-school. Des cursus à distance, bientôt des antennes en Chine ou en Arabie Saoudite…
La culture est l’un des axes fort de votre école. Pouvez-vous nous en parler ?
Si l’on évoque la culture il faut parler du temps consacré à l’Osmothèque par exemple, unique bibliothèque olfactive au monde, partie intégrante de notre école où nos élèves travaillent bénévolement. Nous défendons aussi une vision résolument moderne en nous impliquant dans des projets d’immersions olfactives. Comme celui avec la savonnerie royale de Versailles qui sort les élèves de leur cadre. Les étudiants s’organisent aussi en micro-entreprises, façonnent des idées du futur. On est sur une pédagogie de mise en situation avec beaucoup de pratique …
Renseingements : https://www.isipca.fr/fr
9180 € / an. Durée 5 ans
Modules de formation sur le site de l’ISIPCA.
2 – L’ECOLE SUPÉRIEURE DU PARFUM ET DE LA COSMÉTIQUE : LE PONT ENTRE PARIS ET GRASSE
Avec Emilie Champenois, Campus Manager Paris
L’ESP développe des cursus originaux depuis 2011 entre Paris et Grasse. Qu’est qui fait sa différence ?
Nos écoles à Paris et Grasse proposent un programme sur 5 années et sont accessibles depuis un baccalauréat. Notre diplôme est reconnu au RNCP, niveau VII. L’objectif de notre établissement ? Former de jeunes professionnels à la maîtrise des processus de création tout en s’ouvrant aux contraintes de production, de qualité, de marketing ou de vente. La particularité de notre école est de faire le lien entre les métiers du domaine du parfum et plus particulièrement en création et marketing. Elle propose donc un large panel de métier : sourceur, parfumeur, parfumeur-analyste, responsable qualité, responsable R&D, commercial etc.
Quels sont les pré-requis pour intégrer l’école ?
Nous recrutons nos étudiants via un entretien d’admission avec étude du dossier scolaire. L’entretien dure une heure et permet un bel échange avec le candidat afin d’évaluer sa culture générale sur le secteur, sa motivation. Si nous privilégions les étudiants ayant des options scientifiques, nous ne sommes pas fermés à des dossiers différents. Nous organisons pour ces étudiants-ci une MAN (Mise à Niveau aux outils scientifiques) avant le début des cours. Il s’agit d’une semaine intensive en mathématiques, chimie et biologie permettant aux étudiants de se mettre à niveau sur ces enseignements avant la rentrée scolaire. Nous proposons également, sur les deux premières années d’enseignements, des heures de soutien en chimie et mathématiques.
Quelles sont leurs perspectives sur le marché du travail ?
Nous recrutons chaque année précisément 44 étudiants sur notre campus parisien. Pour un meilleur confort, nos étudiants sont répartis en 2 classes et ce jusqu’à la dernière année de formation. La dernière année s’effectue en alternance, permettant une bonne insertion professionnelle. 93 % de placement à 6 mois.
Entreprises et institutions participent à l’enseignement. Un dialogue d’excellence ?
Depuis sa création, l’école a bénéficié du soutien de nombreuses entreprises et institutions, aujourd’hui rassemblés au sein du conseil de perfectionnement présidé par Maurice Alhadève, co-fondateur de l’école et ancien directeur de l’ISIPCA. L’école dispose d’un large réseau de partenaires au cœur du projet pédagogique en proposant, des stages ou des opportunités d’alternance à nos apprenants. Certaines entreprises (Givaudan, Takasago Symrise, IFF, DSM-Firmenich, Guerlain, L’Oréal, Dior, Interparfums, Rosae, Yves Rocher, ou Puig) font partie du Conseil de perfectionnement qui œuvre à l’amélioration continue de nos formations pour répondre aux besoins du secteur.
Renseignements : ecole-parfum.com
10.000 € / an. Durée 5 ans
3 – CINQUIÈME SENS : SOUS LE PRISME DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Avec Isabelle Ferrand, Présidente de Cinquième Sens.
Ouverts aux particuliers et aux professionnels, Cinquième Sens se démarque. D’ailleurs vous préférez le terme d’organisme de formation professionnel plutôt que d’école …
Oui, les étudiants souhaitant aller vers des formations classiques font ISIPCA ou ESP selon leur niveau post bac. Nous affichons notre différence en proposant un cursus qui peut être fait en parallèle d’autres études. Si je prends l’exemple de Aliénor Massenet, parfumeur chez Symrise, son père voulait qu’elle fasse son Droit. On lui a donné une possibilité : les balises du chemin qu’elle voulait suivre, sans s’opposer aux désidératas familiaux ! Amélie Bourgeois et Anne Sophie Behagel de FLAIR, Kilian Hennessy, Miller Harris, Pamela Roberts ou Sylvaine Delacourte sont aussi passé par notre organisme.
Pouvez-vous revenir sur la genèse de Cinquième Sens ?
Au départ il y a une femme, Monique Schlienger, parfumeur chez Robertet et désireuse de prendre son indépendance. En 1976, L’ISIPCA la contacte pour prendre la relève de Nicolas Mamounas, créateur de génie pour la Maison Rochas et professeur à la retraite. Monique mord à l’hameçon de la formation … S’appuyant sur la méthode de Jean Carles, elle inaugure un nouvel organisme, un organisme de formation pour « apprendre tout le vocabulaire de ce que l’on sent. »
C’est là que vous la rejoignez ?
Oui en 1985. Développer la sensibilité des acteurs du monde de la parfumerie, proposer différents modules que ce soit aux commerciaux, aux gens du marketing, à ceux du contrôle qualité, c’est pour nous une dimension sociale revendiquée. La diversité de nos formations s’étale sur différents tempos et permet une vision à 360 de la filière Parfum.
Existe-t-il un profil de vos apprenants ?
Non, ils ont entre 18 et 60 ans. Certains veulent se reconvertir, d’autres plonger dans les arcanes du parfum et ses mystères. Beaucoup viennent pour se professionnaliser. Nous travaillons avec le mainstream, la niche, les protagonistes de la distribution comme Sephora, Marionnaud ou Nocibe. On se déplace dans les usines, on apporte des compétences supplémentaires à ceux qui ont déjà un métier. Notre pédagogie ? Augmenter les capacités olfactives de chacun dans un milieu en constante mutation. Et favoriser le dialogue … Entre directeurs marketing et parfumeurs, par exemple.
Vous évoquez le titre de Designer Olfactif pour l’un des cursus plutôt que Parfumeur. Pourquoi ?
La profession est réglementée. Pourtant dans la peinture on peut bien être artiste sans être passé par les Beaux-Arts ! Nous offrons accès à une palette de compétences, à l’éducation olfactive, la connaissance des matières premières naturels et synthétiques, des ateliers de formulation ou l’on apprend les accords binaires, tertiaires, etc. Développer des talents, participer à l’expérience olfactive, c’est notre mission, on va aller activer le talent, tous les talents.
Renseignements : cinquièmesens.com
A partir de 450 € / jour