La Maison Cartier a lancé en 2021 un trio de fragrances baptisé Rivières de Cartier ; créations qui viennent de remporter le Prix de l’Innovation Responsable pour un Parfum lors des Fragrance Foundation France Awards.
C’est l’occasion pour Léa Vignal-Kenedi, directrice générale de Cartier Parfums, de nous expliquer comment Rivières de Cartier s’inscrit à la fois dans l’ADN de la Maison et sur le chemin de responsabilité environnementale et sociétale sur lequel la marque s’est engagée.
Comment avez-vous abordé la démarche de création de Rivières de Cartier ?
Nous avons mis en œuvre une nouvelle démarche créative : nous avions la volonté de revisiter L’Eau, vingt ans après son lancement, tout en travaillant différemment. Aujourd’hui, le terme « eau » ne revêt pas le même sens, et l’eau est précieuse.
Ainsi, nous avons demandé au studio de création d’utiliser moins de verre, de réduire la part du plastique, de créer un flacon à la fois remplissable et recyclable…
Nous nous sommes appuyés sur des analyses de cycles de vie réalisées sur nos principales lignes, afin d’en connaître les impacts environnementaux principaux. Intégrer notre volonté de réduire ces impacts dans la démarche de création a été notre point de départ..
Le défi, c’était de montrer que l’on peut faire des flacons très réussis, avec beaucoup de sophistication, tout en restant dans un cadre engagé. L’idée étant de montrer que l’on peut faire peut-être même plus beau, tout en changeant la façon de créer.
En même temps, tout cela est déjà dans l’ADN de la Maison Cartier : depuis toujours, nos créations sont conçues pour durer, elles s’inscrivent dans un temps long. Créer par exemple un flacon rechargeable, c’était logique pour nous. D’ailleurs, la ligne Must, lancée dans les années 80, était déjà rechargeable.
Comment avez-vous travaillé les jus de Rivières de Cartier ?
Notre parfumeur maison Mathilde Laurent prône un équilibre entre ingrédients naturels et synthétiques dans la formulation de ses fragrances, à la fois pour la création et la durabilité.
C’est autour de cette réflexion que nous travaillons le parfum, et c’est notre singularité : la nature est une immense source d’inspiration mais nous ne pouvons pas l’utiliser sans limite. Un ingrédient synthétique créé selon les principes de la chimie verte1 peut par exemple avoir un impact bien moindre en matière d’émission de CO2 ou de consommation d’eau qu’un ingrédient naturel. Tout est une question d’équilibre.
Les ingrédients naturels emblématiques de Rivières de Cartier, la concrète d’iris, l’absolu de tubéreuse ou le géranium, sont cultivés et récoltés dans le respect de normes environnementales et sociales exigeantes.
Mais au-delà des ingrédients, c’est toute la formule du parfum qu’il faut avoir à l’esprit. En effet, nous avons pris la décision de ne plus colorer nos jus, et nous utilisons une base alcoolique 100% naturelle, le plus souvent de l’alcool de betterave, dont l’empreinte CO2 est plus basse que d’autres alternatives.
Après le lancement de la ligne Rivières, allez-vous revisiter les autres parfums Cartier ?
Nous sommes engagés dans une démarche ambitieuse sur le long terme : dans deux ans, l’ensemble de nos lignes iconiques sera éco-conçue.
Nos flacons auront tous un poids de verre allégé, jusqu’à 50% pour La Panthère ; c’est une prouesse de création, car notre volonté est que nos flacons soient encore plus beaux, et qu’ils soient conçus pour durer, puisqu’ils seront tous rechargeables.
La pompe sera dévissable, dans l’optique de faciliter le recyclage. Afin de diminuer la part de plastique, l’étiquette sur le fonds du flacon sera remplacée par une impression au laser. Tous nos packs extérieurs en carton seront certifiés FSC, et la cellophane les recouvrant sera sans PVC, conçu avec le moins de plastique possible.
Pasha sera ainsi notre première ligne revisitée, tout début 2023.
Plus largement, quels sont les engagements de l’entreprise Cartier d’un point de vue RSE ?
Par exemple, pour la partie engagement pour le climat, Cartier a rejoint en 2020 la Science-Based Targets Initiative, avec l’objectif de réduire ses émissions carbone de 46% à horizon 2030, sur une base 2019. Engagements auxquels Cartier Parfums participe activement, et ce sur toute notre chaîne de valeur.
Nous nous appuyons notamment sur le label Ecovadis2 pour nous aider à travailler et évoluer avec nos fournisseurs partenaires. Il est très important à nos yeux que Cartier Parfums fasse partie intégrante de cette démarche de progrès, en lien avec ses fournisseurs et ses clients.
1 La chimie verte, ou « chimie renouvelable », est une approche de création qui s’appuie sur 12 principes, notamment sur le fait de favoriser les matières premières renouvelables, ou de minimiser les besoins énergétiques pour créer les molécules.
2 Ecovadis est une plateforme d’évaluation de la prise en compte des enjeux RSE des entreprises, liés notamment aux achats responsables, aux aspects environnementaux, sociaux et éthiques.