Elle a fait le grand saut en 2010 en rachetant Comptoir Sud Pacifique. Une marque inspirée par le voyage, qu’elle a relancée et modernisée. Confidences sur 10 ans d’aventures et d’entrepreneuriat.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de reprendre cette Maison de parfums ?
C’était une belle coïncidence ! J’avais le projet de quitter le groupe pharmaceutique dans lequel je travaillais et l’envie de devenir entrepreneure. Pendant mes recherches pour reprendre une entreprise, il s’est trouvé que Comptoir Sud Pacifique était à céder… Et comme je suis tombée amoureuse de cette marque, j’ai vite décidé de reprendre l’entreprise au vu de son potentiel, malgré le risque lié à sa santé économique à l’époque assez incertaine.
Quel bilan tirez-vous de cette décennie ?
Du point de vue commercial, avec mon équipe nous avons rationalisé l’offre de produits. Notre stratégie commerciale a été très claire : nous ne sommes pas allés disperser la marque tous azimuts juste pour trouver de nouveaux distributeurs, nous nous sommes concentrés sur une politique de service client en BtoB et BtoC. Concernant les produits, comme nous sommes avant tout des passionnés de parfums, nous avons consacré beaucoup d’énergie à la recherche et au développement de nouvelles fragrances qui ont permis de moderniser la marque et d’attirer une nouvelle clientèle. Comptoir Sud Pacifique représente pour moi les trois piliers du luxe : la passion, la liberté et la création.
Il se dit souvent que le parfum permet de voyager sans bouger : qu’en pensez-vous, surtout en cette période ?
Je ne peux qu’être d’accord, car depuis plus de 40 ans, Comptoir Sud Pacifique fait voyager ses adeptes avec des ingrédients souvent exotiques et des senteurs qui vous transportent ailleurs… Nous n’avons jamais cessé d’inviter les curieux olfactifs au voyage, et sans fausse modestie, je pense que nous réussissons plutôt pas mal, car malgré les fermetures de boutiques et les confinements, nos clients achètent toujours sur Internet. On peut s’évader juste en fermant les yeux et en humant l’une de nos eaux de voyage.
Certains de vos parfums plaisent-ils davantage aux hommes ou aux femmes ?
Nous avons été pionniers dans le parfum « non genré ». Nous n’avons jamais collé une étiquette, masculine ou féminine, sur nos parfums et cela me semble évident. Cela dit, l’influence des coutumes dans les différents marchés fait que parfois, les fragrances sont achetées en majorité par une population masculine ou féminine. Par exemple, Rhum & Tabac, qui est aujourd’hui l’un de nos best-sellers, est porté essentiellement par des hommes en France… alors qu’en Russie ce sont plutôt les femmes !
Comment se répartissent vos ventes géographiquement ?
La France reste notre premier marché et j’en suis heureuse, car il me semble fondamental et rassurant pour une marque française de réussir à l’intérieur de son marché. Les autres marchés qui sont importants pour nous sont l’Italie, l’Allemagne, la Russie, les Etats-Unis et le Canada. Aujourd’hui, la marque est distribuée dans environ 20 pays.
Quelle a été votre première rencontre avec le parfum ?
Ma toute première rencontre avec le parfum remonte à mes souvenirs d’enfance. Petite, j’adorais sentir le sillage du parfum de mon père sortant de la salle de bain après s’être rasé, il s’aspergeait de Pour un Homme de Caron.
Fleurs tropicales, agrumes d’Italie, résines orientales… Et vous, quelles senteurs vous font vibrer ?
J’étais très « bouquet floral » à une époque. Aujourd’hui, ma curiosité olfactive m’a ouvert des horizons beaucoup plus vastes, dans toutes les familles olfactives, toutes les matières… Je n’ai plus d’a priori : je porte en fonction des moments, des humeurs, du temps, des parfums très différents !
Quels parfums vont vouloir les consommateurs de demain à votre avis ?
La tendance olfactive me semble plutôt bien ancrée sur les parfums réconfortants, gourmands et chauds. De plus en plus, les consommateurs veulent donner du sens à leurs achats et ce, même dans le domaine du parfum. La conséquence est qu’un parfum ne sera plus forcément un best-seller uniquement grâce à sa publicité mettant en scène une grande égérie. Cette tendance est très positive pour des petites marques alternatives comme la nôtre.
Quels sont vos objectifs pour les dix prochaines années ?
En tant que chef d’entreprise, je suis obligée de vous dire « grandir », c’est la vocation de toute entreprise car le développement est synonyme de pérennisation de l’entreprise. La crise du Covid est passée par là et cela m’a semblé être un accélérateur de temps et de tendances. Nous travaillons donc à des nouveaux projets pour continuer notre chemin avec enthousiasme et passion.