Femme engagée qui voit loin, elle fait bouger les lignes et représente la filière Parfum auprès des plus hautes instances. Alors que Firmenich met tout en œuvre pour être certifié B Corp, Bérangère Magarinos-Ruchat, sa Chief Sustainability Officer, partage sa vision d’une parfumerie toujours plus responsable.
Dans un communiqué* de presse du 15 Juillet dernier, Firmenich annonçait démarrer sa démarche B Corp. Pourquoi cet objectif est-il important, et que montre-t-il de l’engagement Développement Durable de l’entreprise?
Durant le premier confinement de mars 2020, nous avons profité de ce temps un peu suspendu pour nous engager dans un exercice d’évaluation de nos impacts, en relation avec les Objectifs du Développement Durable des Nations-Unies, les SDGs. Cet outil d’évaluation, le SDG Action Manager, co-créé avec B Lab, a été lancé par Emmanuel Faber et Paul Polman, durant la conférence Change NOW en février 2020 à Paris. Cette démarche nous a d’une certaine manière mis le pied à l’étrier pour la certification B Corp. Nous avons trouvé l’outil extrêmement holistique et correspondant tout à fait à notre démarche en trois dimensions : la préservation de la nature, l’action climatique et la protection de l’humain. Nous venions de clore 5 ans de cycle stratégique avec notre démarche Pathways to Positive (chemins positifs) et nous avions besoin d’une nouvelle inspiration et d’une nouvelle énergie. Il a été dès lors évident de ne pas s’arrêter là et de nous engager pleinement dans une démarche B Corp.
Pour nous, B Corp n’est pas une simple processus de certification et un joli label à accrocher à notre porte, mais bien une démarche de transformation en profondeur de l’entreprise, et au-delà, une transformation de nos modèles économiques. B Corp est un mouvement, c’est pourquoi nous avons tout de suite rejoint le programme Swiss Triple Impact. C’est pour Firmenich un honneur de siéger au conseil de cette initiative avec d’autres entrepreneurs, des parlementaires, des représentants de l’administration fédérale, des ONG. Ce partenariat multi-sectoriel est ce qui a animé notre démarche de développement durable chez Firmenich depuis 10 ans. B Corp suggère aux entreprises qui s’engagent « B The Change », c’est-à-dire « Soyez les acteurs du changement », et c’est d’un changement sociétal dont il s’agit.
Quel est l’intérêt pour Firmenich de travailler sur ce nouveau parcours alors que vous venez de recevoir le triple A du Carbon Disclosure Project (CDP) pour la troisième année consécutive ?
Il y a trois dimensions à notre intérêt. B Corp ne touche pas que l’environnement, comme le fait le CDP, il inclut aussi une importante dimension sociale qui nous semble fondamentale pour repenser la croissance et le capitalisme inclusif. B Corp nous permet de rejoindre un mouvement dans lequel il y a encore peu d’entreprises familiales de la taille de Firmenich et qui travaillent au service des marques et de leurs clients. La nature très unique de Firmenich dans ce mouvement nous réjouit car nous allons beaucoup apprendre et beaucoup contribuer. Notre ambition est de devenir la meilleure entreprise familiale POUR le monde et pas DU monde. La troisième dimension est celle de l’engagement de nos équipes. Le label B Corp requiert d’associer au processus de certification et de transformation des centaines de collaborateurs à travers le monde. C’est un fabuleux moteur de motivation pour tous nos collègues, une véritable fierté de se donner un tel objectif quand on a 125 ans, alors que les B Corp ont souvent quelques années d’existence. C’est un coup de jeune, d’une certaine manière.
Plusieurs marques et groupes de parfums et cosmétiques s’engagent sur le chemin de la certification B Corp ; certains ont déjà obtenu le label. Pensez-vous que cela permettra la mise en place de synergies et de cercles vertueux au sein de la filière Parfums & Cosmétiques et au-delà ?
Il y a clairement un grand intérêt des marques de parfums et de cosmétiques et nous nous en réjouissons. B Corp est une abréviation de « Benefit Corporation », désignant les sociétés reconnues pour avoir des effets bénéfiques sur le monde, tout en étant rentables. La France les appelle les entreprises à mission, je trouve cette dénomination très pertinente dans notre secteur qui porte tant d’attention aux matières premières, aux communautés, aux filières. J’ai écrit cet été le chapitre d’un livre qui sortira début 2021 aux éditions Dunod sous la direction d’Eric Briones de la Paris School of Luxury. J’ai appelé mon chapitre « Le B Luxe » et j’explique combien pour moi c’est le luxe ultime. Nous aurons certainement l’occasion d’en reparler.