Rencontre avec Ormaie, une maison qui allie créativité et innovation

La maison Ormaie, finaliste du Prix de l’Innovation Responsable pour un Parfum 2024, a lancé en 2023 une recharge de parfum unique sur le marché, dont la forme est celle d’une ampoule.

Interview de Marie-Lise JONAK, co-créatrice de la marque indépendante, sur cette innovation et sur les projets à venir de la marque.

Par Luce Grossetete

Marie-Lise, nous avons déjà échangé ensemble il y a deux ans, lors de votre participation au Prix de l’Innovation Responsable pour un Parfum 2022, pour lequel votre parfum « Marque Page » avait été finaliste. Racontez-nous le chemin parcouru par la marque ces 2 dernières années ?

En effet, nous avions été très heureux qu’Ormaie soit une première fois finaliste de ce Prix. Ormaie a été créé avec l’idée de proposer des produits de haute parfumerie d’exception. A l’époque, nous venions de lancer les sept premières eaux de parfum, avec des compositions 100% naturelles.

Depuis deux ans, nous avons poursuivi notre chemin de création, dans le respect de l’esthétique de la marque. Ainsi, nous sortons prochainement deux extraits de parfum au sillage profond, et dont la composition est revisitée pour une nouvelle proposition olfactive qui inclut 5% de beaux ingrédients synthétiques.

Nous avons repris par exemple notre parfum iconique « Yvonne » qui est le nom de ma mère .

« Yvonne » est un parfum de la famille des Chyprés, avec des notes cassis, fruit rouge en tête, un cœur rose- jasmin, et le patchouli en fond. Une facette de la personnalité d’ « Yvonne » s’exprimait déjà via cette belle eau de parfum. Là, avec l’extrait que nous lançons, c’est une autre facette de sa personnalité qui est révélée : la rose est poussée, et les fruits rouges sont agrémentés d’une Prune de Damas, ce qui donne un côté punchy. C’est une « Yvonne » plus statutaire, qui reste fidèle à qui elle est, mais qui révèle, avec ces quelques molécules supplémentaires, une autre partie d’elle-même.

 Nous avons fait le même exercice pour « Toï Toï Toï », qui est un parfum hommage à l’Opéra de Paris. Pour l’extrait, nous avons conservé sa note de tête encens, son armature très boisée, avec en particulier le bois de cèdre, en lui donnant une autre puissance : grâce à l’Ambroxan® notamment, nous avons poussé en fond le côté vétiver noisette.

Notre mission était de continuer à travailler dans le respect de l’ADN de la marque, d’utiliser de belles matières premières pour créer de la haute parfumerie.

Pour nos prochaines créations, nous ne nous interdisons rien en termes de composition : 100% naturel, ou en intégrant des molécules synthétiques. L’essentiel est de continuer à faire du beau.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre innovation de recharge de parfum, sous forme d’ampoule ?

Le défi jusqu’ici était de faire toujours du bon et du beau, dans le respect de la nature et des gens.

Quand nous avons lancé Ormaie, nous avons souhaité éviter le plus possible le plastique. Le film qui protège nos étuis est 100% en papier « paptic », par exemple. C’était important pour nous de continuer à respecter cette idée quand nous travaillions sur la recharge. Nous souhaitions autant que possible proposer une recharge mono-matière. Également, nous souhaitions proposer une recharge dont le geste est un plaisir. Sinon, les consommateurs auraient du mal à sauter le pas.

Un matin, j’étais en train de casser mes ampoules de vitamines, et mon fils, Baptiste qui est le co-créateur d’Ormaie, a soudainement pensé que de proposer une ampoule de plus gros format en guise de recharge serait notre solution.

Le défi a été de trouver des machines qui pouvaient les fabriquer, et au cours du processus, qu’il n’y ait pas de déperdition de liquide. Nous avons trouvé un partenaire qui nous a créé une machine spécialement pour Ormaie. C’est ainsi que la recharge 20mL est née, et a été lancée en même temps que les vaporisateurs de sac 20mL.

Le produit est sorti il y a quelques mois, et cela marche déjà très bien en e-commerce.

A notre grande surprise, nous avons découvert que dans un certain nombre de pays on n’utilise pas d’ampoules, et le geste n’était pas évident. Pour plus de sécurité, nos ampoules sont livrées avec une petite suédine, ce qui permet de ne pas se couper.

Notre grand flacon n’est pas encore rechargeable, mais nous l’envisageons, grâce au développement de la marque qui nous permet de faire de nouveaux projets.

Justement, quels sont vos projets pour la suite d’Ormaie, y compris en lien avec l’engagement développement durable de la marque ?

Nous sommes dans le déploiement de la marque, avec la distribution ; nous recherchons des boutiques en adéquation avec notre imaginaire de marque.

Nous sommes présents en Asie, en Europe, et nous avons commencé à travailler en Europe centrale. Nous commençons à être présents aux Etats-Unis, et avec l’évolution de notre gamme, nous allons nous tourner également vers le Moyen Orient.

Nous allons doucement mais sûrement ; notre objectif n’est pas forcément d’être partout en même temps.

En ce qui concerne le développement durable, nous avons un engagement de sourcing ancré dans l’ADN de la marque, depuis le début. Notre idée est de continuer à promouvoir les savoir-faire. Prenons les capots : nous passons du temps avec les artisans qui les façonnent, nous choisissons les bois avec eux, etc… Nous sommes passionnés par le lien nature-art, c’est cela qui nous motive au quotidien et donne du sens. Nous vivons notre engagement de cette façon : en partenariat avec toute la chaîne de valeur, afin de valoriser les savoir-faire des métiers.

C’est ainsi que je ressens le parfum : quand je regarde un flacon, je vois les gens avec qui je travaille.

Marie-Lise Jonak, co-fondatrice de la Maison de parfum Ormaie
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