En 2020, la toute première édition du Prix de l’Innovation Responsable pour un Parfum des Fragrance Foundation Awards était remportée par Bataille, de la marque Bastille.
En février 2022, Sophie Maisant reprenait les rênes de la marque, à la fois nouvelle propriétaire et CEO. Portrait d’une entrepreneure enthousiaste et engagée.
Sophie, vous avez accompli l’essentiel de votre carrière au sein de marques prestigieuses telles que Chanel ou Shiseido. Pourquoi avoir franchi le pas de l’entrepreneuriat ?
C’est une réflexion qui s’est amorcée au fil des années, et qui s’est accélérée pendant la pandémie. J’avais depuis longtemps, au fond de moi, l’envie de monter une marque.
J’ai eu la chance de travailler pour de très belles maisons de parfums et de cosmétiques pendant 20 ans ; j’y ai occupé des fonctions de création de marque, de développement de produits et de marketing opérationnel en lien avec les marchés. Ces expériences diverses m’ont nourrie et m’ont en quelque sorte « équipée » de façon adéquate pour une aventure entrepreneuriale – même si cette aventure va au-delà de toutes les connaissances que l’on a pu gagner dans le passé !
J’étais convaincue par l’idée de me lancer, et le parfum m’est apparu comme une évidence, avec l’idée de revenir à mes premières amours, mais forte de toutes mes expériences.
Qu’est-ce qui vous a décidée à acheter Bastille, plutôt que de créer une nouvelle marque ?
Ce choix est le fruit de ma rencontre avec la créatrice de Bastille, Marie-Hortense Varin. Au départ, je l’avais contactée pour échanger sur l’entrepreneuriat, pour comprendre ce qui l’avait animée dans cette création. Nous partagions un grand nombre de valeurs, comme la transparence et l’envie d’aller vers les engagements liés au développement durable.
Au fur et à mesure des échanges, nous nous sommes aperçues que nos envies se rejoignaient : Marie-Hortense avait envie de partir pour une nouvelle aventure, et j’aimais beaucoup Bastille. Les planètes se sont alignées.
Je ne souffre pas du tout de ne pas avoir été à l’origine de cette marque : j’aime ce qui existe et elle peut encore grandir. Je peux donc tout à fait imaginer y mettre ma patte.
Quels sont les plus grandes joies et les plus grands défis de cette nouvelle expérience ?
La plus grande joie, c’est la liberté que l’on a en tant qu’entrepreneur de s’organiser comme on le souhaite, de rencontrer énormément de gens, et de renouer avec des personnes rencontrées tout au long de son parcours professionnel. C’est très enrichissant d’un point de vue personnel.
Être entrepreneur signifie s’organiser en fonction des priorités que l’on établit, même si de temps en temps, on est obligé de s’atteler à une tâche qui n’était pas prévue dans l’immédiat !
Le plus grand défi est sans doute d’avoir de grandes ambitions pour sa marque, et d’être rattrapé par la réalité du temps et de l’argent. Il faut être clair sur sa feuille de route pour ne pas s’éparpiller. Les contraintes industrielles, liées notamment à la taille de l’entreprise, et les contraintes financières font que l’on ne peut pas agir aussi vite qu’on le souhaiterait. L’agilité donnée par la taille de l’entreprise vient parfois se heurter au manque de moyens financiers.
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Bastille suit un engagement continu en matière de responsabilité environnementale. En quoi cet élément de l’ADN de la marque était-il important à vos yeux ?
J’ai eu une prise de conscience il y a quelques années – peut-être un peu tardive, c’est vrai, mais mieux vaut tard que jamais : j’ai réalisé que j’avais deux enfants qui allaient hériter d’un environnement qu’ils n’avaient pas choisi.
Alors, pourquoi ne pas contribuer, à ma modeste échelle, à la démarche de progrès de l’industrie du parfum, que j’aime et que je connais bien ?
Quels sont vos projets pour Bastille, en particulier en lien avec cet engagement ?
Je vais rester fidèle aux fondamentaux de la marque et continuer à renforcer nos engagements dans ce sens.
Une cause qui nous a toujours tenu à cœur, c’est la lutte contre la pollution plastique et les déchets. Bastilleest par exemple adhérent à l’association 1% for the Planet et reverse 1% de ses bénéfices à la Surfrider Foundation, qui œuvre pour protéger les océans, littoraux, lacs et rivières.
Dans un souci de cohérence, nous continuons à travailler sur la recyclabilité optimale de nos flacons, et sur leur rechargeabilité. Ce n’est pas évident. Si l’on prend le capot, par exemple, il faudrait idéalement un capot mono-matière, sans insert plastique. Cela existe, mais aujourd’hui nous n’avons pas les moyens de nous le payer. Je vous parlais tout à l’heure du manque de moyens financiers qui pouvait empêcher d’aller vite…
Quant à la rechargeabilité, pour qu’elle fonctionne, il faut s’assurer que les utilisateurs aient facilement accès à la recharge, quel que soit le système, et qu’ils se sentent à l’aise avec le geste. Aujourd’hui, c’est un geste qui n’est pas complètement entré dans les mœurs, en tout cas pas encore pour le parfum.
Pour les jus, notre partenaire IFF LMR Naturals a mis en place des filières d’approvisionnement éthique de matières premières. Je voudrais continuer à renforcer l’engagement social de Bastille, en prenant une part active au travail avec les communautés locales.
Côté consommateur, depuis le début, Bastillea pris le parti de la transparence, en donnant notamment une lisibilité sur les ingrédients. J’aimerais aller plus loin encore.
Enfin, je voudrais que notre feuille de route soit adossée aux Objectifs de Développement Durable définis par l’ONU, et pouvoir dire demain, très concrètement, auxquels Bastillecontribue.