Le parfum Marque-Page de la Maison Ormaie, était l’un des trois finalistes du Prix de l’Innovation Responsable pour un Parfum des Fragrance Foundation Awards 2022. Marie-Lise Jonak, co-créatrice de cette marque familiale lancée en 2018, nous parle de ses engagements et de ses projets.
Marie-Lise, comment est née la Maison Ormaie, que vous avez créée avec votre fils ?
Mon fils Baptiste a toujours eu envie de construire une maison familiale. Passionné de savoir-faire, il a travaillé au sein de plusieurs marques de luxe. De mon côté, j’étais directrice de création pour une maison de parfums. Baptiste est venu me voir un jour et m’a proposé de créer ensemble une marque, avec l’idée que les jus soient 100% naturels.
Pour moi qui travaillais depuis 30 ans dans cette industrie, je savais que ce serait un vrai défi de créativité. Mais l’idée me plaisait et nous permettait aussi de mettre l’accent sur l’aspect sourcing des matières premières, ce qui nous tenait à cœur.
Nous avions aussi envie que chaque création olfactive nous rappelle un souvenir. Par exemple, Baptiste a passé beaucoup de temps chez mes parents, et il me voyait souvent rapporter des parfums à ma mère, Yvonne, qui les essayait devant lui. C’est ainsi que notre création Yvonne, est née ; un chypre, en hommage aux grands classiques, auquel nous avons greffé une note de tête fruitée pour le rajeunir et le rendre plus joyeux.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le jus de Marque-Page ?
Marque-Page est le fruit d’un partenariat avec TechnicoFlor. Cette maison de composition de parfums est très engagée auprès de ses fournisseurs de matières premières, notamment via son programme « Better Tomorrow® », qui s’appuie sur la création de partenariats long-terme, la transparence et les achats responsables, d’un point environnemental et social.
Avec la parfumeure Irène Farmachidi, nous avons travaillé sur un cuiré, avec un accord bois et ambre. Les ingrédients emblématiques de Marque-Page sont le jasmin, la fleur d’oranger, et les bois de oud et de santal. Le jus est très foncé car ses couleurs proviennent uniquement de ses matières premières, et elles évoluent avec le temps : les ingrédients continuent à vivre à l’intérieur des jus.
Nous sommes très reconnaissants envers nos maisons de parfums partenaires, TechnicoFlor et Robertet, car nos jus sont complexes, avec un besoin de macération long et un défi notamment pour le sillage, qu’ils ont relevé haut la main.
Nous n’avons rien contre le synthétique. Les maisons de parfums proposent de très belles molécules, issues de la chimie verte notamment. Mais ce n’est pas le positionnement de notre marque, tout simplement.
Qu’en est-il du flacon et du packaging ?
Concernant le flacon, la production de verre consomme traditionnellement beaucoup d’énergie : les fours sont chauffés à des températures très élevées et doivent rester allumés longtemps. C’est pourquoi nous travaillons avec Heinz Glass en Allemagne, dont la production de verre est obtenue majoritairement à partir d’énergies renouvelables.
Le capot est façonné à partir de bois issu de forêts de hêtres renouvelables des Vosges, certifiées FSC. Et la boîte dans laquelle se loge le flacon est produite à partir de 40% de papier recyclé, 55% de papier provenant de forêts certifiées FSC, et 5% de coton.
Pourquoi souhaitiez-vous que Marque-Page soit candidat au Prix de l’Innovation Responsable pour un Parfum ?
Nos fournisseurs (jus, capot, flacon…) nous ont incités à participer. Ils nous ont dit : « Avec notre façon de travailler avec Ormaie, en regardant chaque détail, en poussant la traçabilité, la composition… vous devez absolument candidater à ce Prix ! ».
Nous sommes très heureux que cette démarche soit venue de nos partenaires.
D’un point de vue social, quels sont les engagements d’Ormaie ?
Nos partenaires TechnicoFlor et Robertet sont très vigilants sur l’engagement social au niveau des récoltes des matières premières, et nous disposons d’un maximum d’informations.
Nous sommes une petite équipe de 7 personnes, et chaque étape de création est liée à l’humain : par exemple, pour nos étiquettes, nous allons à l’Imprimerie du Marais, nous regardons les étiquettes sortir, nous échangeons avec les imprimeurs…
Nous sommes encore tout petits, et nous aimons beaucoup ce côté artisanal, les démarches personnelles de nos partenaires. Nous en sommes encore à la genèse de notre société, et pour l’instant, c’est ainsi que nous nous positionnons d’un point de vue social : en lien avec nos fournisseurs.
Mais nous grandissons, et notre objectif est de poursuivre notre engagement, notamment en termes d’association.
Justement, quels sont vos projets pour la suite d’Ormaie ?
Notre chantier numéro 1, actuellement, c’est le travail pour rendre nos flacons rechargeables. C’est un vrai défi de le faire de façon élégante, et cela nous prend du temps. Mais nous sommes optimistes !