Après des expériences entrepreneuriales variées dans la culture et la tech, Kevin Tayebaly s’intéresse particulièrement pendant son MBA à l’INSEAD à un nouveau type de sociétés : les entreprises à mission. En 2017, il cofonde ChangeNOW, un sommet international contribuant à l’essor d’une nouvelle économie responsable et vertueuse.
Vous avez à nouveau accepté d’être membre du jury du Prix de l’Innovation Responsable pour un parfum de la Fragrance Foundation France et nous en sommes ravis. Pourquoi ce prix est-il important pour vous ?
ChangeNOW a pour mission de valoriser les individus qui ont utilisé leur engagement comme une force créatrice de valeur pour la société et la planète. Le rôle de l’industrie du parfum dans la transition écologique et sociale est important, par son histoire, son ancrage dans le monde du vivant et les valeurs qu’elle porte. Ce prix fait rayonner l’art de l’innovation dans le monde du parfum, à l’aube d’une décennie dont les enjeux majeurs à surmonter n’ont jamais paru si colossaux. Il est donc évident pour moi d’y prendre part et de soutenir des actions positives et très concrètes prises par des entreprises qui, je l’espère, sauront montrer à tous la voie d’une industrie plus durable.
Ingrédients clean, recyclage, 100 % naturel, chimie verte… depuis 20 ans, la parfumerie se positionne comme une industrie davantage durable avec des initiatives nombreuses et diverses. Que veut dire pour vous une parfumerie durable ? À votre avis, quelle est la priorité pour la filière ?
Il est possible de faire pression à plusieurs étapes de la chaîne de valeur pour limiter l’empreinte de l’industrie. La transition est un voyage sans fin. Chaque acteur peut progresser et jouer un rôle à sa propre échelle, en choisissant les points prioritaires sur lesquels il peut avoir un impact concret et immédiat, en accord avec sa vision, ses valeurs, son identité. En 2021, dans un monde plus globalisé que jamais, les circuits courts, le recyclage, les fontaines limitant l’usage et le transport de packaging sont autant de moyens simples et efficaces de diminuer l’impact d’une industrie qui source ses matières premières aux quatre coins de la planète.
Les sociétés du secteur du parfum et du luxe communiquent de plus en plus sur la RSE. Cette tendance initiée en B2B commence à se développer dans le discours auprès des clients. Pensez-vous que c’est une tendance forte des prochaines années ? En quoi est-ce bénéfique pour le secteur ?
Cette tendance ne date pas d’hier, mais elle connaît une forte accélération depuis 2019, poussée par les médias et la visibilité de personnalités comme Greta Thunberg. La crise que nous traversons n’a fait que confirmer ce que beaucoup pressentaient. Il s’agit d’une lame de fond, cette vague va s’installer dans la durée pour les prochaines années, voire décennies, dans le discours des sociétés jusqu’à devenir l’évidence. L’âge de la RSE ne sera plus lorsqu’il n’y aura plus de RSE dans les entreprises, et que tous les départements, des achats aux équipes commerciales en passant par l’innovation, incorporeront la dimension environnementale et sociale dans chaque prise de décision, ce qui alimentera la transformation positive du secteur.
Revenons au parfum. Dans la vie de tous les jours, quelles odeurs vous font-elles vibrer ?
J’ai grandi à La Réunion et Madagascar, entouré d’ylang-ylang, une fleur dont on connaît tous l’importance dans le monde du parfum. J’ai aussi un faible pour la fève tonka et les touches de fraîcheur apportées par le bois de cèdre. Je suis un fidèle de La Nuit de L’Homme d’Yves Saint Laurent depuis des années, et je ne suis pas près d’en changer !