Entrepreneur engagé, Guillaume de Vesvrotte pilote depuis plus de 15 ans l’innovation durable, l’incubation écologique et sociale à l’échelle mondiale, pour aider les entreprises à construire un futur alternatif. En 2020, il cofonde le studio d’impact positif We Don’t Need Roads.
Vous avez à nouveau accepté d’être membre du jury du nouveau Prix de l’Innovation Responsable de la Fragrance Foundation France et nous en sommes ravis. Pourquoi ce prix est-il important pour vous ?
Le secteur du parfum semble a priori lent à se transformer, figé dans sa culture, alors qu’en réalité de nombreuses maisons et acteurs sont déjà en route vers le monde d’après. Les défis sont nombreux et les opportunités de même : le vrac, la personnalisation, le bio, le local, l’inclusion, etc. sont autant de sujets passionnants à explorer pour une industrie ancrée dans le savoir-faire et l’attention au détail. N’étant pas moi-même du secteur, je suis extrêmement curieux de découvrir les pionniers de cette transformation et de les aider comme je le pourrai.
Ingrédients clean, recyclage, 100 % naturel, chimie verte… depuis 20 ans, la parfumerie se positionne comme une industrie davantage durable avec des initiatives nombreuses et diverses. Que veut dire pour vous une parfumerie durable ? À votre avis, quelle est la priorité pour la filière ?
Je pense que la première chose sur laquelle la parfumerie doit se transformer, c’est le rituel de consommation du parfum, le flacon à usage unique. Il faut casser l’image premium de ce pack lourd, polluant, et réussir à donner leurs lettres de noblesse aux fontaines, aux espaces en magasin (et donc les sortir de la « vente sur étagère »), à la consigne… Ce sont de très belles choses à partager avec les consommateurs et le parfum a un meilleur accès que d’autres aux leviers du rêve et de la poésie qui peuvent tout changer en termes d’expérience.
Les sociétés du secteur du parfum et du luxe communiquent de plus en plus sur la RSE. Cette tendance initiée en B2B commence à se développer dans le discours auprès des clients. Pensez-vous que c’est une tendance forte des prochaines années ? En quoi est-ce bénéfique pour le secteur ?
Ce n’est pas une tendance forte. C’est LA tendance. Il devient tout simplement inconcevable pour une maison aujourd’hui de ne pas avoir un discours, et donc des actes, solides sur le sujet. Par ailleurs, en cette période post-Covid, nous assistons à une accélération radicale du phénomène : toutes ces marques qui ont bercé le consommateur à coup de « raison d’être » jusqu’à maintenant, vont devoir montrer qu’elles font de vraies choses. Les questions remontent déjà dans les enquêtes : « Que faites-vous, pour de vrai ? ». C’est un défi pour toutes les marques, que nous avons pris à bras le corps avec Maud Thévenot, Jeanne Rives et Rija Goldscheiber en lançant We Don’t Need Roads en 2020. Et c’est un très bon moment pour le parfum, produit non indispensable par excellence, pour montrer qu’il peut être utile et innovant, et qu’il garde toute sa place dans le monde qui vient.
Revenons au parfum. Dans la vie de tous les jours, quelles odeurs vous font-elles vibrer ?
Je ne m’y connais pas très bien en parfums mais j’apprécie particulièrement L’Homme Idéal de Guerlain. On me l’avait offert et depuis plusieurs années, je ne m’en sépare plus. Par ailleurs, je suis un enfant de Provence, et j’ai grandi dans le romarin et la lavande ; cela ne me quitte jamais. Et j’ai un petit péché mignon, c’est d’inspirer une grande bouffée dans les cheveux de mes enfants quand ils se réveillent le matin… ça lance ma journée.