Emblèmes du savoir-faire et de l’élégance à la française, parfum et champagne se retrouvent aussi sur leurs valeurs de développement durable.
Les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse sont classés au Patrimoine Immatériel de l’Humanité par l’Unesco. C’est aussi le cas des « côteaux, maisons et caves de Champagne. »
Parfum et champagne partagent des valeurs de savoir-faire et d’artisanat local ancestral : on part du terroir et des produits de la terre pour magnifier la nature et créer un produit de luxe emblématique.
Ce qu’offre la terre, c’est leur premier point commun – et leur socle.
En Champagne, les récoltes sont faites manuellement, en utilisant des techniques et des gestes ancestraux. Les vendangeurs n’ont qu’une semaine pour récolter. Le raisin est fragile ; s’il prend trop de soleil, il est trop sucré ; si on le cueille trop tôt, il est acide. C’est à la fois son côté fragile et précieux.
La récolte de néroli en avril, celle du lilas en mai ou celle de la rose quelques semaines plus tard, et nombre de fleurs et agrumes, suivent les mêmes rituels que le raisin. Thierry Wasser, maître-parfumeur de la Maison Guerlain, se rend en Tunisie, en Bulgarie ou à Grasse chaque année pour assister aux récoltes et imaginer les assemblages de fleurs (les « communelles »), qui donneront un concentré le plus proche possible des années précédentes, afin que nous puissions retrouver l’odeur de nos parfums fétiches. Les chefs de cave de Champagne ne s’y prennent pas autrement : ils travaillent sur des assemblages afin que, chaque année, le champagne « brut » d’une marque conserve son goût signature. Une véritable alchimie.
Parfum et champagne partagent d’autres valeurs : l’approvisionnement durable et la préservation de la biodiversité, deux engagements responsables intrinsèquement liés.
En Champagne, la plupart des vignes n’appartiennent pas aux Maisons de Champagne, mais aux vignerons. Les Maisons de Champagne, quand elles détiennent quelques parcelles, ne sont pas auto-suffisantes et collaborent avec les vignerons. C’est un premier engagement lié au développement durable : l’approvisionnement responsable ancré sur le long terme.
Dans le parfum, hormis quelques exceptions, la plupart des matières premières sont aussi achetées à des cultivateurs récoltants, partout dans le monde. Et tout comme pour le champagne, l’engagement à long terme avec les filières d’approvisionnement est un sujet-clé de durabilité.
Préserver la biodiversité fait également partie de leurs objectifs : les parfumeurs en ont fait un indice d’évaluation pour leurs jus (par exemple, l’outil Eco-Scent Compass™ de Firmenich ou le Naturality Index™ de Givaudan) ; de son côté, le Comité Champagne, qui regroupe la majorité des Maisons de Champagne de toutes tailles, a inclus ce critère comme l’un des enjeux majeurs pour sa filière.
Inclus aussi dans les enjeux de la filière Champagne : la gestion responsable de l’eau, et le défi énergétique et climatique. Là encore, la filière Parfum est directement concernée, car les changements climatiques affectent les produits du sol. On l’a vu récemment en Champagne avec le gel des vignes en avril dernier ; reste une incertitude quant à la récolte à venir en août-septembre prochain.
Du côté des contenants, on constate que la durabilité est un sujet d’avenir pour les deux filières.
Par exemple, la réduction du packaging. La filière Parfum travaille notamment à réduire les emballages extérieurs, avec un objectif mono-matière pour plus de recyclabilité. Les Maisons de Champagne ne sont pas en reste avec leurs pistes d’éco-emballages : Ruinart habille désormais ses flacons d’un étui « seconde peau » composé à 100% de fibres de cellulose, entièrement recyclable, et beaucoup plus léger que les coffrets traditionnels.