Tenir un décompte précis de ses actions en matière de RSE ou de développement durable est la condition sine qua none de leur crédibilité, qu’ils couvrent les aspects environnementaux et sociétaux, l’innovation, l’approvisionnement responsable en matières premières ou l’éco-conception.
Les engagements RSE des entreprises doivent de plus en plus répondre à des enjeux de mesurabilité. C’est à cette seule condition que l’on peut évaluer les progrès effectués ou non, se fixer des objectifs toujours plus ambitieux, dans un objectif d’amélioration continue. C’est ainsi que lorsque le créateur de parfums et arômes Firmenich a annoncé en février dernier ses Ambitions 2030, ses engagements, qui couvrent notamment la protection de l’environnement, de la biodiversité et des personnes grâce à l’innovation, sont chiffrés. Firmenich s’est ainsi engagé à ce que 100% de ses produits aient un impact social et environnemental mesurable et amélioré par rapport à 2020. Si la société est parvenue à se fixer un tel objectif, c’est grâce à une démarche purement scientifique : une approche, appelée « Science-based targets », en plein essor au sein des entreprises engagées de la filière parfum parce qu’elle leur permet de se fixer des objectifs chiffrés extrêmement précis et comparables d’une année sur l’autre, d’une échéance à l’autre.
Prenons des objectifs de réduction d’émission de CO2 et de gaz à effet de serre, en ligne avec les recommandations du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et les accords de Paris. Si initialement seuls les Etats se sont fixés des objectifs, le rôle des entreprises dans la dynamique a été crucial : certains analystes disent même que c’est grâce aux elles, qui détiennent le levier le plus important, que les lignes peuvent bouger. « L’Initiative Science-based targets, ou comment aligner la stratégie d’entreprise avec le budget carbone de la planète » *, co-créée par l’ONU, le WWF, le CDP ** et le World Resources Institute, accompagne ainsi les entreprises dans ce défi d’établir des objectifs qui empêcheront les effets les plus néfastes sur le climat. Les Science-based targets requièrent un véritable travail en transversal dans l’entreprise, mobilisant de nombreuses fonctions et expertises.
Firmenich, engagée depuis de nombreuses années dans le développement durable, a fait de cette approche scientifique et chiffrée le canevas de sa nouvelle feuille de route à horizon 2030. Les trois domaines-clés sont la lutte contre le changement climatique, le respect et la protection de la nature et de l’humain. Parmi les objectifs de Firmenich, figurent la neutralité carbone de ses opérations en 2025 et un bilan carbone positif (pour ses émissions directes) en 2030.
« Nous avons décidé de nous imposer des objectifs scientifiquement établis et quantifiables, vérifiés de manière indépendante», explique Johanna Levy, Senior Director Global Environmental Excellence chez Firmenich. Suite à son expérience avec les Science-based targets liées aux enjeux climatiques, la société a rejoint l’initiative des Science-based targets pour la Nature et la Biodiversité en novembre 2020. « Contribuer à l’identification de ces mesures de performance envers la Nature et les intégrer à notre feuille de route 2030 nous permettent de progresser dans notre approche scientifique et notre cadre ESG (Environnemental, Sociétal et de Gouvernance) », explique Stéphanie Paquin-Jaloux, Director Biodiversity Compliance & Strategy chez Firmenich.
La société s’est par ailleurs engagée à ce que l’ensemble du portefeuille de parfums qu’elle produit soit d’origine naturelle, constitué de 99 % d’ingrédients ultimement ou partiellement biodégradables (comme le définit l’OCDE), et d’une moyenne de 70 % de contenu renouvelable ou upcyclé. Enfin, Firmenich se fixe de réduire l’impact carbone de ses parfums de 25 %.
Ce dernier objectif sera atteint grâce à l’outil de mesure EcoScent Compass™, développé sur la base de paramètres et de lignes directrices globales en collaboration avec Quantis, et lancé en 2018, qui évalue les jus créés par les parfumeurs suivant trois champs de critères précis dotés d’ICP (Indicateurs-Clés de Performance) : nature des ingrédients qui constituent la fragrance (biodégradabilité, renouvelabilité, Chimie Verte…), leur empreinte environnementale (empreinte CO2, eau…), et leur impact social (conditions de travail, liens éthiques avec les communautés locales). « Nous nous engageons à évaluer 100% de notre portefeuille de parfums, afin de fournir une transparence basée sur des mesures standards, quantifiées scientifiquement et auditables, et à rechercher constamment l’amélioration de nos formules. EcoScent Compass™ va nous permettre de mesurer ces progrès pour atteindre nos objectifs en 2030 », annonce Juliette Sicot-Crevet, VP Naturals & Sustainability Business Development Perfumery chez Firmenich.
D’autres entreprises de l’industrie des parfums et cosmétiques, comme le groupe L’Oréal, ont fait des Science-based targets un pilier de leur engagement RSE renouvelé en 2020. Les objectifs de L’Oréal sont notamment d’arriver à la neutralité carbone en 2025 pour les sites de production, administration et recherche, et à une empreinte CO2/gaz à effet de serre réduite de 50% pour chaque produit en 2030, par rapport à 2016.
L’entreprise de parfums & arômes Givaudan, le verrier Verescence ou le groupe Estée Lauder ont également rejoint l’Initiative Science-based targets. Tous ont conscience que seule une approche scientifique permet d’ancrer la transformation durable, d’accélérer et de parvenir à des résultats chiffrés, tangibles, sur les défis saillants que sont le changement climatique et la biodiversité. Et qui dit chiffres, dit preuve et comparabilité : il devient plus aisé pour les parties prenantes, et notamment les consommateurs et les investisseurs, de comprendre et d’évaluer l’engagement responsable.
** CDP : Carbon Disclosure Project, https://www.cdp.net/en
En savoir plus :
www.firmenich.com/Sustainability2030