Slow Smelling by IFF

Rencontre avec les parfumeurs

Coffret Slow Smelling by IFF

L’année 2020 a été marquée par une nouvelle unité de temps, un nouvel espace : un temps étiré, un espace confiné. Pour les parfumeurs, une contrainte mais aussi un luxe : celui de la création de belles choses qui prennent du temps, à l’image de l’Atelier du Parfumeur IFF à Grasse ouvert en 2019 : un cadre idyllique pour la création, propice à l’inspiration.

Comme chaque année depuis 12 ans maintenant, les parfumeurs d’IFF Paris se sont prêtés au jeu d’un « Speed-Smelling », cette fois ralenti à l’infini, inspiré par ce temps étiré, et source pour un créateur d’infinies possibilités. Nouvelle interprétation : le Slow Smelling s’articule cette fois autour d’un thème, cher à aux parfumeurs : « Luxe, Calme et Volupté ».

Rendez-vous maintenant incontournable des aficionados du parfum, ce coffret permet de découvrir les aspirations olfactives des parfumeurs : celles des étoiles montantes, celles des stars confirmées et des superstars de la parfumerie.

Dominique Ropion, Reconstitution inédite de notes animales

Pour cette édition, Dominique retrouve l’odeur du gant parfumé au XVIIème siècle. Préparé à Grasse et expédié ensuite dans la plupart des cours d’Europe, cet accessoire était en ce temps-là l’emblème luxueux du savoir-faire de toute une confrérie. Aujourd’hui pour le restituer, il est aussi question de technologie. Si l’on veut vraiment être fidèle à l’odeur de cuir apprêté et durablement imprégné d’essences, il faut pouvoir recréer le profil de matières disparues de la palette.

Au cœur du bouquet de fleurs blanches, la fleur d’oranger se distingue. Elle est présente sous forme d’absolu LMR et d’essence LMR. À cet emblème de Grasse, se joint la tubéreuse en absolu qui pour une fois joue les dauphines. Autour, un complexe d’autres tonalités florales et un effet de peau cuirée qui rappelle la matière première du gant, la peau de chevreau. En bouquet final, on retrouve la base des fixateurs animaux que sont l’ambre gris, la civette et le musc, tous ici recréés par l’expertise et l’effort conjoints du Maître parfumeur et de la R&D d’IFF. Jamais morceau d’histoire n’aura été plus moderne.

Domitille Michalon Berthier, Brésil paradis perdu ?

Le Brésil où Domitille a séjourné l’année dernière a fortement imprégné son imaginaire de parfumeur. Pour le Speed Smelling™ 2020, la composition qu’elle a conçue de retour en France, dans l’Atelier du Parfumeur* à Grasse, honore ce pays, dans certains de ses aspects artistiques, engagés et sensoriels. C’est d’abord une femme photographe, Claudia Andujar, internationalement connue pour son combat en faveur du peuple indigène Yanomani qui est célébrée.

Au départ, l’impression est très verte, à l’image de la forêt amazonienne qui inspire ce parfum en partie. Le luxe est d’abord luxuriance végétale. En soutien au peuple indigène du Brésil, dans la lignée de Claudia Andujar, et par amour pour cette terre riche et fertile, Domitille a choisi ses ingrédients dans la palette de matières premières natives du Brésil. Pour n’en citer que les principaux, il s’agit de l’absolu maté – rappelant le thé vert et le mimosa –, du poivre rose CO2, de la fève tonka, du baume copahu aussi appelé copaïba – à l’odeur résineuse et boisée – et enfin de l’absolu de café en clin d’œil à ce pays où le café est un art. Avec finesse, ce parfum capture l’élégance d’un pays parfois brut, parfois paradisiaque.

Delphine Lebeau, Moshi

Au commencement était un petit gâteau japonais, doux et dodu. Son nom : le moshi, son épithète : daifuku, qui veut dire « gros ventre » ou « grande chance », les deux significations sont vérifiées. Le moshi, composé d’une couche de riz gluant pour son enveloppe extérieure, est garni, selon les goûts des pâtissiers, de pâte de haricot rouge, de sésame, de thé matcha, ou même parfois, dans sa version enneigée, de crème glacée.

Pour évoquer la douceur du petit moshi – dans sa variante classique, c’est-à-dire garni de pâte de haricot rouge –, un accord vanille et muscs s’est imposé. La vanille est de qualité gousse CO2 LMR, crémeuse et très naturelle. Quant aux muscs, il s’agit d’un trio d’ambrettolide – soyeux –, de galaxolide – talqué –, et d’édenolide – fruité –, appelant le réconfort instantané. Un peu de maltol sucre le motif. Autour de cette friandise, Delphine a organisé une ambiance de détente au coin du feu. Un extrait de chêne CO2 LMR, à mi-chemin entre la flambée et le fût liquoreux, distille des notes plus adultes, presque tourbées. Comme l’expérience du moshi, dont le parfumeur redoutait a priori la trop grande fadeur, c’est une surprise de raffinement et de couches insoupçonnées.

Anne Flipo, Bouquet aromatique

Le paradis d’Anne est fait d’une nature rustique et familière, un petit carré d’herbes fraîches. Ce jardin des délices aromatiques pousse dans sa maison du Pas-de-Calais, et l’inspire tant pour ses parfums que pour sa cuisine quotidienne. Les incontournables du genre – romarin, basilic, marjolaine, etc.

Le souffle résolument aromatique de cette création est porté par un chœur de simples : l’armoise cœur* n°2 LMR*– au caractère doux-amer –, un cœur de marjolaine proche de l’origan, mais aussi le romarin et le basilic qu’on ne présente plus. La bergamote vivifie par sa fraîcheur acidulée la profusion végétale, tandis que le tagète, par sa dimension fruitée, y incorpore un peu de gourmandise. Plus liquoreuse et chaude, l’immortelle entraîne le parfum vers un fond oriental chypré autour de la fève tonka, d’épices – cumin et cannelle –, de l’encens, de la mousse de chêne et du fir balsam. Avec Anne la chanson se transforme : « J’ai descendu dans mon jardin » pour en rapporter un parfum.

Nicolas Beaulieu, Retour aux racines éthiques

Quand il s’agit de réfléchir à l’avenir de la parfumerie, Nicolas l’envisage essentiellement de bon sens, responsable et durable. Pour mettre en œuvre cette perspective, et donner ici l’exemple d’un luxe respectueux, le parfumeur a choisi des matières IFF emblématiques de la démarche, pour un parfum faisant la part belle à l’équité agricole, au carbone renouvelable et à la chimie verte, parfaitement compatibles avec une très haute exigence hédonique.

Si le parfum créé est un boisé, épicé, très vert, la formule riche et complexe, recèle parmi ses matières des pépites d’innovation. Il s’agit d’abord du vétiver concentrate MD for life LMR, et des racines de curcuma Ultimate MD LMR. Dès lors, la colonne vertébrale du parfum est racinaire. Cèdre cœur LMR et poivre noir de Madagascar – encore une filière durable de culture et d’approvisionnement mise en place par LMR – prolongent le boisé épicé du socle. Pour créer la dimension verte enfin, le parfumeur a puisé dans toute la palette végétale et a accordé des ingrédients naturels audacieux, au caractère cinglant, rarement mis en lumière, tels que le lentisque absolu, l’essence de feuille de curcuma LMR et la feuille de violette. Une composition virtuose qui donne envie de conjuguer le parfum au futur environnemental.

Bruno, Jovanovic, Voyage en Italie

L’Italie de la Renaissance est le berceau historique du luxe. L’Italie contemporaine continue d’en être la mère nourricière et sensuelle.

À l’image d’un film des années 1950, tourné à Cinecittà, le parfum s’ouvre sur une symphonie de notes citrus avec le cédrat de Calabre et le citron primofiore de Sicile. Toute la lumière du sud en un zest hespéridé. Derrière cette entrée solaire, le cadre principal se pose par la présence de camomille romaine, à l’élégance inouïe, tout en générosité gracieuse. L’absolu de fleur d’oranger LMR ensuite commence à révéler une intrigue amoureuse, tandis que le sentiment éclate à travers la rose essentielleTM LMR. L’amour triomphe grâce à la tubéreuse, clin d’œil historique et parfumistique à Catherine de Médicis qui en raffolait. Enfin, tout s’apaise dans le crémeux du santal blanc LMR. Au générique, les stars olfactives sont pour la plupart italiennes, quelques unes sont d’origine plus lointaine.

Caroline Dumur, Belle Amulette

Rien de mieux que l’iris pour parler de lenteur en parfumerie. S’il est bien une matière qui prend son temps, c’est elle. Non pas fleur, mais racine, elle se développe d’abord sous terre pendant près de trois ans, puis dans une véritable cave à iris, durant trois ans à nouveau, elle mature. Dans l’attente et la patience, apparaît l’irone, le composé qui donne à l’ingrédient sa signature iconique.

À entendre sa créatrice, ce parfum est « une grosse boule de musc avec de l’iris » : en toute modestie, Caroline résume une composition généreuse que l’absolu d’iris pallida domine majestueusement, de ses notes florales, à l’effet poudré si caractéristique. Une autre matière naturelle accompagne ici l’iris, la graine de carotte cœur LMR. Par sa nature également poudrée, elle s’accorde parfaitement au rhizome. Par ses notes fruitées légèrement abricotées, elle appelle avec subtilité une autre dimension. Du côté des ingrédients de synthèse, tout autant dignes de considération, l’iris aldéhyde et l’acétate de styrallyle apportent un souffle vert et, grâce au dernier, une tonalité florale, assez proche du gardénia. Pour un confort suprême, les muscs se lient en un fond crémeux. La formule courte et ciselée rend hommage avec précision à la matière et au territoire de plaisir qu’elle fait naître dans l’imaginaire du parfumeur et qui se transmet avec cœur.

Fanny Bal, Prendre le temps

Prendre le temps de retrouver de belles matières de parfumerie un peu oubliées, de les re-sentir et de les sublimer, voici pour Fanny, le luxe de la création offert par l’exercice du Speed Smelling™, ralenti cette année en Slow Smelling. Pour se mettre au rythme de la sérénité, Fanny a choisi des matières aux vibrations basses, boisées, résineuses, qui apaisent.

D’abord l’impression est celle d’une garrigue ensoleillée. La puissante présence de l’absolu lentisque marocain MD LMR s’impose, verte et chaude à la fois. Quelques épices viennent en accentuer les reflets, c’est l’effet du poivre rose CO2 LMR, par exemple. Avec ses inflexions de tabac blond, l’immortelle, sans doute parce qu’elle naît sous les mêmes climats et séduit tout autant les amoureux de maquis, se marie à merveille au lentisque. C’est ici qu’un espace est ménagé pour l’absolu fleur d’oranger, rivalisant de chaleur sensuelle, mais à sa façon. En fond, le vétiver cœur LMR monte, révélant une personnalité boisée épicée et d’agrume frais. En tout, 19 ingrédients composent la formule.

Julien Rasquinet, Boudoir rêvé

À l’occasion du rendez-vous du Speed Smelling™, où une véritable carte blanche est donnée chaque année aux créateurs, Julien a voulu travailler une matière rare tant elle est d’exception : l’iris.

Autour de Sa Majesté l’iris pallida absolu LMR, trois belles courtisanes s’inclinent, trois fleurs en absolu. La fleur d’oranger tunisienne LMR, la rose turque LMR et le jasmin sambac MD LMR. Un régal, une fête… et quelle dépense ! Pour décor, un fond boisé oriental, tout en notes chaudes de santal blanc LMR, de labdanum et de vétiver cœur LMR « ForLife ». La féminité subtile de l’iris est accentuée par une facette chyprée, reconstitution d’une accord mousse de chêne, à travers deux matières très modernes, le cyprès absolu Ultimate LMR et le chêne CO2 MD LMR. En touche finale et très contemporaine, l’iris est associé à l’intimité d’une femme que son sac à main tout entier contient, illustré par des notes de cuir et de rouge à lèvres. Luxe, calme et volupté, donc.

Juliette Karagueuzoglou, Tableau impressionniste

En février 2020, Juliette a fait un séjour hors du temps dans l’Atelier du Parfumeur IFF à Grasse, pour s’immerger dans cette bulle créative. À quelques kilomètres de là, naît le massif de Tanneron, frontière rocheuse entre le Var et les Alpes Maritimes. Cette balade, Juliette la connaît par cœur pour l’avoir faite souvent quand elle était élève parfumeur dans la région.

Ingrédient phare de la composition, le mimosa absolu MD LMR a été choisi parce qu’il est une fraction plus solaire de l’absolu classique, tout en préservant son identité chaude, miellée, nuancée de notes aqueuses et vertes. En contrepoint, le poivre rose extrait au CO2, figure, en tant qu’épice fraîche et lumineuse, les rayons du soleil transperçant les branches et miroitant sur l’eau. L’absolu feuille de violette LMR amplifie les facettes concombre naturelles du mimosa, il fait le pont avec la dimension salée sous-jacente. Dans la même famille, l’irone LMR, extrait naturel issu de l’iris, renforce la puissance florale du mimosa, et teinte de bleu l’air des cimes.

Jean-Christophe Herault, Vie de prunier

Le parfumeur avait un rêve, celui de voir un arbre fleurir jour après jour : le confinement l’a exaucé.Tout un printemps à l’ombre d’un verger en fleurs. À la campagne pendant plus de deux mois, Jean-Christophe a pu observer dans le jardin familial un prunier pousser, de mars à mai.

Ce parfum recompose un arbre, des racines jusqu’aux fruits, figurant jusqu’à la sève qui pulse dans son bois. Pour commencer, ce sont les fruits qui se détachent d’abord. Acidulés, encore un peu surs, comme une écorce de bergamote printanière. Derrière la première impression, l’essence* de davana LMR*, plante aromatique au bouquet fruité, rappelle la prune dont le portrait parfumistique est complété par quelques épices, parmi lesquelles la cannelle et la cardamome, en référence à la base historique appelée prunol. On plonge ensuite dans les feuilles, bien vertes et gorgées de sève de l’absolu* feuille de violette LMR égyptienne. Le temps de la fleur est retrouvé, on est enveloppé par la douceur du jasmin marocain LMR. Le bois se révèle enfin, tout en cèdre de Virginie, pour s’enraciner finalement dans le vétiver Haïti LMR « For Life »* et le cypriol à la patine presque cuirée. S’il s’agit bien d’une chimère végétale, elle n’en est pas moins vraie.

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