DECLARATION
CARTIER
JEAN CLAUDE ELLENA
1998
Un parfum ou une pierre, on s’en sert en touche. On accentue quelque chose de soi ou l’on change quelque chose en soi. Lorsque Cartier, « le joaillier des rois et le roi des joailliers » selon l’expression d’Edouard VII, sort un nouveau parfum, la marque ne cède pas à la mode des égéries, pas plus qu’à la multiplication des jus. Après Must, un oriental vert serti de Galbanum, imaginé par le parfumeur Jean-Jacques Diener en 1981, puis une première Panthère, oriental floral rugissant conçue par Alberto Morillas, un troisième parfum, masculin, s’esquisse chez Cartier, en 1998. Pour le façonner, Véronique Gautier, alors directrice du développement des parfums Cartier a déjà un nom, lancé comme un manifeste : ce sera Déclaration ! Et un parfumeur en tête : Jean-Claude Ellena. Après l’Eau Parfumée au thé vert de Bulgari, le maître parfumeur s’est fait maître de thé. Il en sent toujours des dizaines chez Mariage Frères, à la recherche d’un nouveau fumet. Un Oolong à l’accent russe ne quitte pas ses neurones ni ses narines. De ces volutes, il adoucit le propos, le cajole avec des touches d’hédione, de bergamote, de mandarine et de lavandin. Puis il l’amplifie d’exquises épices, d’une cardamome vive et fraîche qui communique au parfum un rythme effréné. Un accord bien boisé de cèdre, de figue et de bois ciré texturise le tout sur fond de mousse chyprée.
Le parfum affirme sa saisissante singularité, loin des standards fougères lavandes de l’époque. La Maison Cartier le fait tester, un challenger remporte les voix. Mais le propos de Jean-Claude Ellena est si juste que Véronique Gautier l’impose, avec audace et clairvoyance. Par sa capacité à irradier, son élégance qui ne fait pas un pli, Déclaration se transmettra de génération en génération, séduisant aussi le cœur des femmes, qui savent depuis longtemps que les parfums d’homme animent leur peau d’un éclat particulier. En 2018, Jean-Claude Ellena et Mathilde Laurent célèbrent les 20 ans de l’essence avec une version Parfum de l’Eau de Toilette, plus oriental, plus cuiré, en référence aux écrins écarlates de la Maison.