Né en 1987, le parfum Byzance de la Maison Rochas a marqué une génération qui a porté cet oriental composé par le parfumeur Nicolas Mamounas. Son nom fait toujours rêver, évoquant les mystères de l’Orient et résonnant comme une promesse… Sous l’impulsion du groupe Interparfums, la Maison Rochas rend hommage à son patrimoine et ses fleurons olfactifs. C’est à présent au tour de Byzance de revenir sur le devant de la scène. Victoria Rongier, directrice Marketing Rochas Fashion & Fragrances, a confié au designer Alnoor la mission de redessiner le flacon de ce parfum mythique.
Historiquement, que représente le parfum Byzance de Rochas ?
Alnoor – Byzance est l’un des parfums mythiques des années 80. Sa trajectoire se rapproche d’Opium d’Yves Saint Laurent, car ces deux parfums sont destinés à des femmes opulentes, à la fois présentes et mystiques. Le flacon d’origine n’avait pas vraiment évolué, bien que la Maison Rochas ait changé de main plusieurs fois depuis ce lancement. J’ai cependant vu des variantes sur des miniatures parées de cabochons de strass ou d’un pompon rose vif, dans la plus pure esthétique des années 80…
En 2019, quelle était l’intention de la Maison Rochas (Interparfums) en vous confiant le re-design de ce flacon ?
Alnoor – Le principal objectif de Rochas était de relancer ce parfum, qui conserve ses adeptes tout comme Femme, autre grand succès de la Maison. Aux côtés de parfums comme Mademoiselle Rochas, lancé en 2017, la Maison tient à continuer de s’adresser aux inconditionnels de ses classiques tel Byzance. J’ai eu pour directive de créer un objet contemporain et cosmopolite, qui fasse le lien avec le flacon historique sans le dénaturer. Les fils conducteurs de la création étaient l’enchantement et l’opulence autour d’un conte de fées transposé dans Paris. Ces thèmes apparaissent également dans la campagne de communication qui accompagne ce relancement.
Quels éléments patrimoniaux avez-vous conservés ?
Alnoor – J’ai tenu à conserver la couleur bleu nuit, qui a une connotation mystérieuse. L’association bleu et or évoque l’univers des Mille et Une Nuits. Sur le plan formel, l’anneau fait partie de l’héritage sémantique de la marque car Marcel Rochas a souvent signé ses flacons avec des formes rondes ou circulaires. J’ai pu observer que certaines éditions luxueuses de Byzance comportaient déjà cet anneau d’or. J’ai tenu à conserver cette logique de forme. Le lacet noué autour du col du flacon fait écho au ruban rose d’origine qui portait un médaillon. Il apporte un élément textile de passementerie très couture car il ne faut pas oublier que Rochas est aussi une marque de mode.
Comment avez-vous procédé à la création de ce nouveau flacon ?
Alnoor – En premier lieu, j’ai regardé attentivement le flacon existant. Le cercle est l’un des éléments fondamentaux du vocabulaire de la marque, je l’ai conservé pour son aspect géométrique et lisible. J’ai fait évoluer le corps bombé du flacon vers un cylindre aux arêtes marquées. En d’autres termes, le flacon est passé d’une forme un peu molle – peut-être due à l’utilisation répétée du même moule du verrier ou bien aux limites techniques de l’époque – à un volume mieux défini, plus acéré.
Quels partenaires techniques ont-ils contribué à ce projet ?
Alnoor – L’équipe interne d’Interparfums, menée par Marion Trossat – directrice Achats & Développement Packaging – a assuré la réalisation de ce flacon et je tiens à saluer leur précision technique. Le verre a été développé par Bormioli Luigi, la plaque or par INCA, le capot par TNT Global Manufacturing. La fragrance florale orientale de Byzance a été réinterprétée par le tandem Maurice Roucel et Aliénor Massenet, de chez Symrise.
Propos recueillis par Axelle de Larminat