Diamétralement opposée à celle de l’Occident, la culture chinoise est complexe à aborder. Dans un vaste pays qui vit au rythme accéléré de ses mutations, il existe pourtant un socle culturel qui traverse le temps. Un ensemble de références communes enseignées dès l’apprentissage de l’écriture à des générations de Chinois. « C’est à travers les proverbes que l’on peut s’orienter dans la pensée chinoise, comme avec une boussole. » souligne Christine Cayol, auteur d’un livre spécialisé sur le sujet. À l’invitation de la Fragrance Foundation France, Christine Cayol, fondatrice du cabinet Synthesis et de la Maison des Arts de Pékin Yishu 8, a livré des clés brûlantes d’actualité, pour pénétrer une culture millénaire.
Ne pas ajouter de pattes au serpent. L’histoire commence comme une parabole. Un concours du meilleur dessin de serpent. Un candidat brille par ses compétences et sa rapidité d’exécution mais commet l’erreur de trop en faire, en ajoutant des pattes au reptile. Cette erreur lui coute sa victoire. « Trop s’exposer fait courir un danger » expose l’oratrice. « Le retrait est une valeur confucéenne et la modestie est considérée comme une qualité sociale. En Chine, il faut savoir se montrer discret afin de na pas créer de déséquilibre dans l’intelligence collective, de ne pas perdre l’harmonie et ni de faire mal au groupe ».
Rester dans un sillage. Il faut savoir mettre ses pieds dans les traces qui existent. Dans un pays où la notion du temps est cyclique, l’innovation ne se pense pas comme une création ex-nihilo mais se donne toujours un ancrage politique, moral ou social. Même Mao le révolutionnaire a su conserver des attributs et des références, du moins jusqu’à la Révolution Culturelle.
Suivre le Naturel. En Chine, il faut se garder d’agir mécaniquement ou de façon volontariste. À la notion de planning à l’Occidental, la salarié chinois oppose une notion du temps différente où les choses arrivent d’elles-même au bon moment, sans passer en force. « Cette valeur est fondamentale pour développer un parfum ou un vêtement » ajoute Christine Cayol, qui travaille quotidiennement avec une équipe chinoise.
Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines. Même si la Chine se digitalise à toute vitesse, la tradition fait son grand retour actuellement. Le 4 Novembre, La fête de la Clarté Céleste où l’on honore les morts est massivement suivie. Les écoles de culture traditionnelle prolifèrent sur internet. Dans le sillage des lettrés, cette société hyper-dynamique accorde une place à l’immatériel, au rêve, au repos.
Des rituels émergent tels celui de l’encens où l’on respire ensemble des effluves sophistiquées, tel le rituel de la photographie de groupe où l’on garde une trace des résonnances avec un paysage, telle la cérémonie du thé où l’on goûte les infinies variations d’un breuvage. La notion de réseaux et d’entraide est une clé implicite de cette culture. « Il ne faut pas oublier la force du collectif. Si l’on vend un parfum à un chinois, il y a beaucoup de monde derrière cette personne » conclut Christine Cayol, qui conseille les groupes internationaux.