Présidente des Fifi d’Or 2018, l’actrice Audrey Fleurot n’est pas là par hasard. Elle aime le parfum, en porte plusieurs et en parle avec un vrai bonheur. Elle nous livre ici quelques impressions olfactives. Une interview qui en dit long sur cette personnalité attachante qui a débuté sur les planches avant de tourner dans des séries télévisées et au cinéma.
Vous souvenez-vous de votre premier parfum ?
Bien sur, j’avais 11 ans, c’était « Loulou » (Cacharel). Il était vanillé, et de façon assez classique, comme sans doute d’autres très jeunes filles, avec ce premier parfum, j’avais l’impression d’avoir accès à la féminité.
Racontez-nous une odeur ou une fragrance qui a jalonné votre jeunesse…
J’ai un souvenir très fort de « Poison » (Dior) que portait ma mère et que je lui empruntais… C’était entêtant, et comble de la sensualité, elle avait aussi la poudre parfumée pour le corps.
Enfant, je découpais les coupons dans les magazines pour recevoir les échantillons. Je faisais collection de mini flacons. Puis, vers l’âge de 20 ans, j’ai adoré porter « Féminité du bois » de Serge Lutens.
Nous avons ouï-dire que vous vous destiniez à être Nez ?
Non, n’exagérons rien, c’est juste que c’est un métier qui m’aurait beaucoup plu. J’ai une passion pour le parfum comme pour l’oenologie. Je suis très très sensible aux odeurs.
Quelles sont les odeurs (ou parfums) que vous avez aimé sentir sur vos chéris ou sur vos amis ?
Egoïste (Chanel) ! Pour les hommes, j’aime les odeurs plus « risquées », j’aime aussi les parfums mixtes et atypiques.
« Sables » d’Annick Goutal qui sent la garrigue, ou encore « Miel de bois » de Serge Lutens, qui sent la cire.
Le parfum pour vous c’est 1,2,3… fois par jour ?
Deux fois c’est sûr, ça peut être trois fois par jour, et parfois même quatre !
Sur les plateaux de tournage y-a- t-il des odeurs particulières qui vous transcendent ?
Pas tant sur les plateaux, mais sur scène, au théâtre, la machinerie qui sent le bois, j’adore. Et puis, j’ai fait l’Ecole du Cirque, alors il y a une odeur que je détecte, c’est celle de la poudre que les acrobates et les artistes mettent sur leurs mains. Parfois, en roulant sur le périphérique, je reconnais cette odeur, et quelques instants plus tard, j’aperçois un chapiteau de cirque !
Quelle est l’odeur qui vous met l’eau à la bouche ?
Celle de l’amande, elle est régressive pour moi. Je repense aux petits pots de colle à l’école, qui sentaient l’amande.
En odeur de sainteté… qui ne l’est pas ou plus à vos yeux ?
Quelques hommes que je chérissais et qui se retrouvent mêlés à des affaires de harcèlement… L’humoriste américain Louis CK par exemple, c’était mon idole.
« Le parfum du secret s’estompe à chaque nez qui le renifle… »
J’aimerais tellement être une femme mystérieuse ! (rires)
« La culture est le souvenir d’un parfum dans un flacon vide. » Un souvenir culturel fort ?
Ma première fois au théâtre, et ce fût la révélation. C’était çà et rien d’autre que je voulais faire plus tard. Mon papa était pompier à La Comédie Française, à ses côtés, j’étais donc à la fois côté scène et côté salle, je voyais les changements de décor…
« Une femme sans parfum est une femme sans avenir » (Coco Chanel)
Ce n’est pas la seule bêtise qu’elle ait dit, Coco Chanel ! Elle était souvent dans la provocation.
L’odeur d’un plat qui vous ouvre l’appétit ?
Celle du bouillon du pot au feu… je ne coûte pas cher ! (rires)
Une odeur qui vous rassure ?
Celle de la lavande. Je suis assez fan des huiles essentielles pour se soigner. Un massage de deux gouttes d’huile à la lavande sur le plexus solaire, c’est très réconfortant….
Que ne peut-on pas soupçonner dans votre rapport aux parfums ?
Ils font partie de ma vie professionnelle aussi. Non seulement je cultive ma mémoire affective des odeurs et des parfums pour retrouver des états, mais j’attribue à mes personnages au cinéma ou au théâtre des parfums que je porte lorsque je les interprète. Pour mon personnage d’Hortense dans « Un village français », je portais « Passion » d’Annick Goutal.
Pour Joséphine dans la série « Engrenages », je portais « Encens Chembur » de Byredo. Dans Tartuffe au théâtre, j’avais choisi « Eau de campagne » de Sisley. Et plus récemment sur le tournage d’un film où je joue la présidente de la République, je porte « Melograno » de Santa Maria Novella.
Qu’est-ce qui vous anime et vous réjouit le plus dans ce rôle de présidente des FIFI d’OR ?
Je suis persuadée que je vais rencontrer des gens très intéressants dans un domaine qui me passionne ! Et comme les gens passionnés sont passionnants… Et puis, je crois que je vais apprendre des choses. C’est merveilleux.
Un souvenir de Prix que vous avez reçu ?
Le dernier que j’ai reçu, à un Festival de cinéma en Irlande, m’a beaucoup émue. Ils ne m’avaient pas prévenue, j’ai donc eu la surprise et été dans la spontanéité.
Quelle « présidente » allez vous être?
Je vais essayer d’être audacieuse, inspirée et inspirante, ce sera déjà bien, non ?