Mardi 22 Mars, au Grand Musée du Parfum. C’est dans ce lieu d’élection que The Different Company a levé le voile sur les coulisses de la création olfactive qui lui est chère, avec la complicité des parfumeurs-créateurs Emilie Copperman et Céline Ellena. La maison est en effet partenaire du Musée, car elle partage la même vision artistique du parfum et sa démarche résolument contemporaine.
The Different Company occupe une place de précurseur sur le territoire de la Haute-Parfumerie. Née en l’an 2000 sous l’impulsion de deux talents, le designer Thierry de Baschmakoff et le parfumeur-créateur Jean-Claude Ellena, cette maison de parfums de niche hors-norme a été la première à se doter de flacons créés sur-mesure. Des flacons ressourçables, dont on ne se débarrasse pas, car ceci est contraire à l’essence du luxe. A la direction de The Different Company depuis 2004, Luc Gabriel conforte la marque dans ses positions : la passion de ce métier d’« architecte d’allégresse », le choix de matières d’exception, la fidélité dans les collaborations avec les parfumeurs-créateurs, le temps accordé à la création comme un luxe suprême…
L’Extrait de parfum Santo Incienso – Sillage Sacré, signé Alexandra Monet illustre cette vocation de pérennité inscrite dans les gènes de la marque. Créé à l’origine pour le 15ème anniversaire de The Different Company, Santo Incienso – Sillage Sacré vient s’insérer dans la Collection Just Chic et sera disponible dès le mois de Juin. Cet extrait invoque les pouvoirs du Palo Santo, un bois magique brûlé par les incas en offrande aux dieux. Il est composé autour de volutes mystiques d’encens, de myrrhe et des notes envoûtantes du Cèdre de l’Atlas, de la Noix de muscade et de la Bergamote de Calabre. « J’ai voulu ce parfum étonnant et rassurant comme une prière tournée vers le ciel » en dit l’auteur.
Comment a été élaboré le nouveau parfum qui prendra place en septembre dans la collection L’Esprit Cologne ? Au cours d’un atelier ponctué de touches olfactives, Emilie Copperman, parfumeur-créateur chez Symrise, a décrit un voyage qui l’a conduite dans les terres reculées de Madagascar. « Jusqu’au bout du monde, après deux vols en avion, des kilomètres de pistes parcourus en pick-up, des heures de pirogue » raconte-t-elle, enthousiaste. Au cours de ce périple, elle est partie à la rencontre de fermiers cultivant un gingembre unique aux accents de citrus, de producteurs distillant sur-place une cannelle intense, de producteurs d’un extrait de vanille, ultra-facetté, à la fois cuiré, baumé, poudré et chocolaté. Des matières exceptionnelles ! « L’addiction est l’angle qui a servi de point de départ à la création. Dans la construction de cette cologne, les top-notes révèlent ces matières. » Ce motif vient enrober un accord « crème de marron », légèrement salé. Des muscs viennent parfaire la signature de ce parfum. Son nom résonne comme une transgression et fait allusion aux ambiances qui flottent sur l’île : MajaïnaSin.
Lors d’un deuxième atelier, Céline Ellena a retracé la genèse du parfum De Bachmakov. Pas de brief, mais un désir de la part du designer issu d’une grande famille de russes blancs d’évoquer de la terre de ses ancêtres. Céline Ellena se définit comme un ghost-writter. « J’ai endossé le rôle d’une « plume fantôme » – merci à Denyse Baulieu pour cette jolie expression – pour traduire en odeurs les mots et les émotions de Thierry, mettre son histoire dans un flacon ». N’ayant jamais mis les pieds en Russie, le parfumeur-créateur a imaginé un premier accord « nature » à l’image des terres gelées par le froid sibérien, puis un vent humide et boisé, dominé par la coriandre, qui réveille la végétation épuisée par l’hiver. La jonction nécessaire entre la terre et le ciel s’est faite à travers le Shizo, une matière japonaise, à la fois acidulée, herbeuse, salée et astringente. Des intuitions olfactives fulgurante et justes ! Thierry de Baschmakoff a reconnu sa terre slave dans cette composition. Un art à mille verstes des codes rebattus.
Axelle de Larminat