Mardi 7 Mars, retour aux sources de la parfumerie française à Saint-Germain-des Prés sur les bancs du grand amphithéâtre de l’IPAG Business School, où a pris place un public transgénérationnel mixant professionnels confirmés et étudiants. Les Rendez-vous de la Fragrance #10 organisé en partenariat avec l’Osmothèque ont déroulé la thématique « L’inspiration se nourrit du passé », en multipliant les entrées dans le patrimoine olfactif conservé par l’institution établie à Versailles.
Pendant près de 2 heures, Patricia de Nicolaï, parfumeur-créateur et Présidente de l’Osmothèque a guidé son auditoire dans les arcanes des grandes familles olfactives, retraçant les lignées des parfums, établissant des filiations entre les formules, présentant les évolutions des accords majeurs ayant marqué la parfumerie. Patricia de Nicolaï a passé en revue 4 familles complexes en sélectionnant pour chacune 3 créations, jalons historiques emblématiques. Douze mouillettes ont été remises à chaque participant au fil de la séance, permettant de découvrir (ou reconnaître) ces parfums dans leurs formules d’origine ou parfois reconstituée. Sur les 4000 parfums conservés à l’Osmothèque, 200 disparus ont été patiemment recomposés à partir de leur formule initiale.
Patricia de Nicolaï a introduit la famille Fougère par la création inaugurale la maison Houbigant, Fougère Royale – 1884. « L’appellation Fougère relève du marketing avant la lettre », révèle-t-elle. En effet, mouillette à l’appui, on ne détecte pas de lien apparent entre l’odeur naturelle de la fougère et cet accord coumarine/lavande/mousse de chêne. « Houbigant a eu la volonté de se démarquer des parfums capiteux associés aux « cocottes » en d’imposant cette image issue de la nature». Ce tour de force a su implanter durablement cette famille, puis ses évolutions vers des fragrances Fougère fleurie/ambrée (tel Brut de Fabergé – 1964), ambrée douce, épicée ou aromatique (tel Legend de Montblanc – 2011) et enfin les derniers développements Fougère fruitée.
Captivé, l’auditoire a pu suivre le cheminement de la famille Florale à travers le temps en respirant Vent Vert de Balmain – 1945 (caractérisé par une concentration de galbanum à 8 %), Fidji de Guy Laroche – 1966 et Jour d’Hermès – 2013. Puis évaluer les évolutions de la famille Chypre : depuis Le Chypre de Coty – 1917 à Diorella de Dior (1972), jusqu’à la version originale de Miss Dior Chérie (2005). L’exploration de cette généalogie des parfums s’est poursuivie avec les orientaux dont la colonne vertébrale est constituée par les accords de Chypre, à la fois sucrés et baumés, de vanilline/labdanum. Les participants ont alors humé tour à tour L’Origan de Coty -1905, Après l’Ondée de Guerlain – 1906, (dont la structure a inspiré plus d’un parfumeur-créateur) et enfin Black Opium de Saint Laurent – 2015.
Suite à cette relecture magistrale du patrimoine, chacun a pu emporter 12 mouillettes sous enveloppes de papier cristal comme autant de jalons ouvrant des pistes à approfondir.