C’est le réalisateur Kim Nguyen qui a réalisé ce film autour de l’odorat. Il s’en explique.
Quelles ont été vos motivations pour faire ce film ? En surface, le réflexe était purement hédoniste: voyage, sentir, et à travers l’Odorat, le goût, le toucher, et sentir au sens émotionnel du terme. Mais rapidement je me suis rendu compte que la curiosité était plus profonde. J’avais le sentiment que l’odorat était primordial à l’humain.
Avez-vous modifié votre manière de travailler en passant de la fiction au documentaire ? Absolument, par contre, ce qui est intéressant, c’est la dramaturgie est omniprésente dans la construction documentaire. Je crois que la frontière entre fiction et documentaire n’est pas étanche. C’est plutôt un fil qui relie les deux.
Votre film a une rigueur scientifique… mais également une bonne dose d’humour et pose des questions étonnantes: quelle est l’odeur de l’espace ? Qu’est-ce que “l’incompatibilité olfactive” ? Oui, je jugeais que l’odorat est si intangible qu’il mérite une part de folie !
Vous avez monté ce documentaire avec des éléments de fiction pour un résultat plus prenant. Quelle est la part de fiction dans ce film ? Hmm… À vous de deviner. (rires) Mais la fiction, d’un point de vue général, est vraiment un élément que j’ai essayé d’intégrer à la construction du film.
Les plantes communiquent par les arômes… mais elles ne sont pas les seuls êtres vivants à procéder de la sorte… C’est vrai. Par exemple, si l’on ôte le masque de tous ces déodorants et parfums, on peut repérer l’odeur de la peur chez quelqu’un. La composition chimique de sa sueur est différente.
Comment avez-vous choisi les intervenants ? C’était varié, mais j’ai le souvenir d’avoir demandé de trouver des personnages Felliniens pour les chasseurs de truffe. Je n’ai pas été déçu !
Aviez-vous une idée précise de ce que serait votre film au final ou l’avez-vous tourné comme une enquête vous menant d’un point à l’autre et couvrant un large panel ?
Oui et non. Ce qui m’a surpris, c’est de me retrouver à discuter des dialogues à l’étape du financement. C’est étonnant comme les institutions s’attendent à un scénario précis (et dialogué !) pour… un documentaire.
Nos vies sont en partie guidées par l’odorat, et ce dès que les spermatozoïdes sont “guidés” vers l’ovule… Oui, c’est fascinant ce lien entre l’odorat, le plaisir, et l’instinct de survie. C’est peut-être un lien extraordinaire qu’on a oublié. Le plaisir comme outil de survie, qui nous guide vers ce qui est bon pour nous.
Sentir rime-t-il avec plaisir ? Non, pas nécessairement. Il peut être un guide vers le plaisir par contre.
Odorat et mémoire, odorat et émotions, odorat et stimulation érotique… Comment avez-vous agencé ces thématiques dans la construction de votre film Ce fut un processus organique. Nous avons testé certaines scènes auprès de collègues, avant de revenir au tournage, puis au montage, nous avons procédé de cette manière à deux ou trois reprises.
Avez-vous une anecdote de tournage particulièrement marquante ? Au Maroc, dans l’Anti-Atlas, dans ce village qui vit en autarcie 3 mois par an: lever de soleil sur le désert à perte de vue, prière du matin. Odeur du minerai, du feu, des fleurs de safran qui s’ouvrent…
(dossier complet http://www.jupiter-films.com/film-l-odorat,58.php)